Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :30–Les poèmes de Rachel Chidiac : 30-5:Debout aux confins de la mort 16 avril 2019 Rachel Chidiac Debout aux confins de la mort, Je vois en toi un rêve à saveur de vie fuyante Le mirage m’enlève Et me pose en face d’une patrie sans superficie Les miroirs de ma privation se multiplient Ni la joie pousse des you you Enflammant mon ciel, Ni le sanglot embaume Les plaies des lieux déserts Ou intercepte le passage d’une hirondelle Offre-moi le printemps Des lèvres d’une cascade affectueuse Offre-le-moi d’un baiser de roses Trahies par l’hiver et regardant Tout orgueilleuses et admiratives Offre-le-moi des ruisseaux Étreignant les rigoles, Entravant le voyage, l’asséchant En un instant de répit errant En un quelconque arrêt La tristesse a passé par moi M’habillant d’épines Tends-moi ta main Ôte la bride du désespoir La mort est une quintessence Et moi je suis passée toute noble Sur les os du temps J’ai fait don de ma richesse A la vicissitude de mon sort J’ai brodé avec mes larmes Des soupirs exhalant une odeur suave Presque spécialisée depuis ses débuts dans le genre amoureux spirituel et fusionnel, la poétesse libanaise Rachel Chidiac consacre tous ses écrits à son bien-aimé, à la manière des poètes udhrites arabes du premier siècle de l’hégire .Et étant donné que son expérience poétique s’étale sur toute sa vie de jeune puis d’adulte, ses sous-thèmes bien qu’ils gravitent toujours autour des mêmes préoccupations,se colorent selon les circonstances changeantes de la vie qui engendrent évidemment des états d’âme extrêmement différents allant de l’extase à la détresse . Dans ce nouveau poème, c’est le côté négatif qui l’emporte, par la domination d’un flot d’émotions amères et obscures exprimées sous la forme de reproches et dont la locutrice fait état tout au long du texte , tout en l’entrecoupant à partir du 12ème vers par des supplications , faisant ainsi passer son discours de ce que John Austin a appelé « comportatif » c’est-à.-dire. un acte illocutoire visant à critiquer ou déplorer (les miroirs de ma privation se multiplient ni la joie pousse des you you enflammant mon ciel ni le sanglot embaume les plaies des lieux déserts ) à ce que John Searle « directif »c.à.d. ici un acte exprimant la demande (Offre-moi : 3 fois- tends-moi ta main – ôte la bride du désespoir ) .L’usage de ses deux actes a fait pivoter le poème autour d’un dualité charnière : « ce qui est » / et « ce qui devrait être » . Le premier élément est apparemment un état de tiédeur sentimentale dû au manquement de l’être cher à ses responsabilités envers elle, ce qui est inacceptable dans une union fusionnelle. Quant au second élément, c’est vraisemblablement le retour souhaité à l’état initial lorsque le sentiment qui les lie était au summum de son intensité. Le style baigne , comme d’habitude, dans un romantisme intense inspiré, sans doute, de l’œuvre du grand Gibran .Et cela se remarque dans le ton plaintif et mélancolique et la profusion du lexique de la nature. 2019-04-16 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet