Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -6: Toi, femme…!

Elena Martinez et Mohammed El Qoch

 

Qu’ils soient bleus ou verts

Tes yeux

Peu importe

C’est leur reflet, l’incandescence

La lumière qui illuminent mes vers

Que tu sois muse ou fée

Femme ou poupée

C’est tout pareil

L’effet de ton regard irise les champs

Pétillant comme un rayon de soleil

Champagne mousseux dès le réveil

Tu m’émoustilles de tes chants

 

Qu’elles soient closes ou ouvertes

Tes paupières bordées de beaux cils

Sur les paysages de ton âme

C’est l’univers tout entier,

 Derrière tes fenêtres

Que ma frénésie réclame

Pour sauter les barrières 

Hautement dressées

Comme un étalon en cavale,

Longues chevauchées nocturnes

Pour traverser ta mer en furie

Et faire une brève escale

Sur le turquoise tranquille

De tes presqu’îles

Ou le vert tendre de tes prairies

 

Que tu te drapes de soie 

Ou de simples étoffes grossières

Toi, femme, au regard perçant,

Au cœur humain et noble,

Tu m’enivres de mots et d’exotiques refrains

Issus de pays lointains de rêves exquis

Où germe ton souffle

 

Je renais, enfin, de mes cendres

Mes mots ressuscitent

Mon verbe tatoué d’errance

Retrouve son itinéraire, 

Sa page blanche vierge,

Mon encre, en sursis, libre,

Vogue, ailé, pour transcrire

Et graver l’émoi des vers aimés…!

 

Le noyau sémantique ou comme l’appelle Riffaterre  l’hypogramme de ce poème est composé de deux éléments  jouant le rôle d’axes : d’un côté les yeux de la Femme en général et leurs dimensions et de l’autre leurs effets sur les deux locuteurs,ce qui donne en tout deux isotopies géantes liées l’une à l’autre par la relation : cause à effet .Concernant  le premier constituant ou axe  , il a été  délibérément dépouillé de tous  les caractères qui le feraient appartenir à une catégorie bien déterminée (bleus ou verts – muse ou fée – Femme ou poupée – closes ou ouvertes –  se drapant  de soie ou de simples étoffes grossières ) afin de le réduire à son essence la plus profonde  , l’essence  précieuse   et grandiose qui est la féminité humaine .Et cette féminité bien qu’elle soit matérialisée dans le corps de la femme ,  son entité est plus  vive  et  elle siège dans l’âme ou le cœur au sens figuré (sur les paysages de ton âme c’est l’univers tout entier – toi, femme, au regard perçant, au cœur humain et noble ) .Et entre  ces deux  côtés : physique apparent  ( les yeux ) et spirituel  invisible ( l’âme ) , l’imagination féconde des deux poètes a fait ressurgir  des espaces immenses (paysages – prairies – mer –  presqu’îles –  l’univers tout entier ) à travers lesquels ils se lancent dans des périples magiques et exotiques, ce qui montre l’extrême richesse de la féminité humaine qui n’est point une simple caractéristique sexuelle distinctive .Quant au deuxième axe qui est l’effet des yeux de la femme sur les deux locuteurs  ou si nous voulons ces yeux en tant que sources d’inspiration ,  il s’est vu accorder presque la même proportion dans le texte sous la forme d’une série de fantasmes délirants qui ont eu des répercussions directes sur leur écriture (illuminent mes vers – mon verbe tatoué d’errance retrouve son itinéraire,  sa page blanche vierge, mon encre, en sursis, libre, vogue, ailé, pour transcrire et graver l’émoi des vers aimés…! ) .Enfin si la Femme possède cette force de fascination que seules les âmes intelligentes et sensibles estiment à sa juste valeur , il n’est pas étonnant que plusieurs divinités partout dans le monde étaient de sexe féminin .Et même si la fille d’Eve a perdu depuis l’avènement des religions monothéistes le statut de déesse ou de muse , elle reste  toujours la plus merveilleuse créature du monde .

Merci encore une fois aux deux poètes de m’avoir procuré tant de jouissance linguistique en m’offrant l’occasion d’admirer cette  nouvelle  jolie perle !

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