Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -6: Toi, femme…! 11 avril 2019 Elena Martinez et Mohammed El Qoch Qu’ils soient bleus ou verts Tes yeux Peu importe C’est leur reflet, l’incandescence La lumière qui illuminent mes vers Que tu sois muse ou fée Femme ou poupée C’est tout pareil L’effet de ton regard irise les champs Pétillant comme un rayon de soleil Champagne mousseux dès le réveil Tu m’émoustilles de tes chants Qu’elles soient closes ou ouvertes Tes paupières bordées de beaux cils Sur les paysages de ton âme C’est l’univers tout entier, Derrière tes fenêtres Que ma frénésie réclame Pour sauter les barrières Hautement dressées Comme un étalon en cavale, Longues chevauchées nocturnes Pour traverser ta mer en furie Et faire une brève escale Sur le turquoise tranquille De tes presqu’îles Ou le vert tendre de tes prairies Que tu te drapes de soie Ou de simples étoffes grossières Toi, femme, au regard perçant, Au cœur humain et noble, Tu m’enivres de mots et d’exotiques refrains Issus de pays lointains de rêves exquis Où germe ton souffle Je renais, enfin, de mes cendres Mes mots ressuscitent Mon verbe tatoué d’errance Retrouve son itinéraire, Sa page blanche vierge, Mon encre, en sursis, libre, Vogue, ailé, pour transcrire Et graver l’émoi des vers aimés…! Le noyau sémantique ou comme l’appelle Riffaterre l’hypogramme de ce poème est composé de deux éléments jouant le rôle d’axes : d’un côté les yeux de la Femme en général et leurs dimensions et de l’autre leurs effets sur les deux locuteurs,ce qui donne en tout deux isotopies géantes liées l’une à l’autre par la relation : cause à effet .Concernant le premier constituant ou axe , il a été délibérément dépouillé de tous les caractères qui le feraient appartenir à une catégorie bien déterminée (bleus ou verts – muse ou fée – Femme ou poupée – closes ou ouvertes – se drapant de soie ou de simples étoffes grossières ) afin de le réduire à son essence la plus profonde , l’essence précieuse et grandiose qui est la féminité humaine .Et cette féminité bien qu’elle soit matérialisée dans le corps de la femme , son entité est plus vive et elle siège dans l’âme ou le cœur au sens figuré (sur les paysages de ton âme c’est l’univers tout entier – toi, femme, au regard perçant, au cœur humain et noble ) .Et entre ces deux côtés : physique apparent ( les yeux ) et spirituel invisible ( l’âme ) , l’imagination féconde des deux poètes a fait ressurgir des espaces immenses (paysages – prairies – mer – presqu’îles – l’univers tout entier ) à travers lesquels ils se lancent dans des périples magiques et exotiques, ce qui montre l’extrême richesse de la féminité humaine qui n’est point une simple caractéristique sexuelle distinctive .Quant au deuxième axe qui est l’effet des yeux de la femme sur les deux locuteurs ou si nous voulons ces yeux en tant que sources d’inspiration , il s’est vu accorder presque la même proportion dans le texte sous la forme d’une série de fantasmes délirants qui ont eu des répercussions directes sur leur écriture (illuminent mes vers – mon verbe tatoué d’errance retrouve son itinéraire, sa page blanche vierge, mon encre, en sursis, libre, vogue, ailé, pour transcrire et graver l’émoi des vers aimés…! ) .Enfin si la Femme possède cette force de fascination que seules les âmes intelligentes et sensibles estiment à sa juste valeur , il n’est pas étonnant que plusieurs divinités partout dans le monde étaient de sexe féminin .Et même si la fille d’Eve a perdu depuis l’avènement des religions monothéistes le statut de déesse ou de muse , elle reste toujours la plus merveilleuse créature du monde . Merci encore une fois aux deux poètes de m’avoir procuré tant de jouissance linguistique en m’offrant l’occasion d’admirer cette nouvelle jolie perle ! 2019-04-11 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet