Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -5: Sèche tes larmes…!

Elena Martinez et Mohammed El Qoch

 

J’aurais bien aimé voie

L’unique chemin qui mène à ton cœur

L’émoi des feuilles que frôlent tes pas

La bise folâtre qui mordore ton épaule

Le vent fripon qui joue sous tes dentelles

Et qui de son souffle entremêlent tes jupons

 

Nous partagerions ainsi le pain, le sel

L’eau qui ruisselle abondamment

Un sourire perlant en étincelles

Pour parer ce quotidien amer

Et pour qu’enfin s’éteignent tes larmes

Suspendues entre œilletons et joues

 

Si un jour tes maux ne cessent

Nous partirons sur la mer, pays des merveilles,

Déposer un regard à l’horizon exorable

Tu sentiras alors l’alizé lécher tes cheveux

Et une main te guider vers l’issue

L’unique, celle de la lumière translucide

 

J’ai toujours mes bagages 

A portée de main

Quelques pages blanches nettes

Deux stylos à bille

Un crayon, trois pinceaux et des couleurs

Pour peindre la beauté de nos lendemains

 

A l’horizon, d’interminables voyages

Vers la patrie des poètes

Morts sur les grèves

Elles demeurent impénétrables

Depuis des lunes

 

Nul ne détient le secret des mystères

La clef reste introuvable

Il suffit de raconter quelques vers,

Quelques vers indéfinis,

Pour que toutes les portes grincent

Et cherchent à sortir de leurs gonds

La vie devient alors la plus belle des fables

Ouverte à tous les possibles, rêves et frissons

 

 

La consolation affichée dans le titre  « Sèche tes larmes » cède tout de suite la place dès le premier vers à l’introduction pure et simple de l’allocutaire  dans un monde paradisiaque virtuel (nous partirons sur  la mer, pays des merveilles, /déposer un regard à l’horizon exorable / tu sentiras alors l’alizé lécher tes cheveux /et une main te guider vers l’issue /l’unique, celle de la lumière translucide ) entrainée avec soin et affection   par le locuteur qui se  propose   de jouer  pour elle le rôle d’un guide salvateur  qui la délivrerait de son  quotidien amer .Mais  il s’agit bien d’un salvateur  d’un genre  spécial ,   du fait qu’il s’identifie lui-même à chacun des éléments qui accueilleraient l’allocutaire  dans ce monde paradisiaque  souhaité ( chemin – feuilles – bise – vent  ) comme s’ils émanent de son propre être . Et ce genre  n’est autre que celui des poètes. D’où la nature linguistique de ce monde qui a toutes les caractéristiques d’un  poème particulier : le poème amoureux .Néanmoins ,  si ceci  est signifié  au niveau locutoire ( ce qui a été dit effectivement par le locuteur ) l’observation du  non-dit ( illocution ) révèle d’autres significations cachées dont la plus importante est que la création de ce monde imaginaire merveilleux est irréalisable sans l’intention d’y accueillir l’allocutaire  ce qui revient à dire que le poète végéterait  aussi sans elle dans ce quotidien amer  et c’est pour cela que la consolation formulée dans le titre est adressée aussi bien à elle qu’à lui-même .

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