Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -5: Sèche tes larmes…! 10 avril 2019 Elena Martinez et Mohammed El Qoch J’aurais bien aimé voie L’unique chemin qui mène à ton cœur L’émoi des feuilles que frôlent tes pas La bise folâtre qui mordore ton épaule Le vent fripon qui joue sous tes dentelles Et qui de son souffle entremêlent tes jupons Nous partagerions ainsi le pain, le sel L’eau qui ruisselle abondamment Un sourire perlant en étincelles Pour parer ce quotidien amer Et pour qu’enfin s’éteignent tes larmes Suspendues entre œilletons et joues Si un jour tes maux ne cessent Nous partirons sur la mer, pays des merveilles, Déposer un regard à l’horizon exorable Tu sentiras alors l’alizé lécher tes cheveux Et une main te guider vers l’issue L’unique, celle de la lumière translucide J’ai toujours mes bagages A portée de main Quelques pages blanches nettes Deux stylos à bille Un crayon, trois pinceaux et des couleurs Pour peindre la beauté de nos lendemains A l’horizon, d’interminables voyages Vers la patrie des poètes Morts sur les grèves Elles demeurent impénétrables Depuis des lunes Nul ne détient le secret des mystères La clef reste introuvable Il suffit de raconter quelques vers, Quelques vers indéfinis, Pour que toutes les portes grincent Et cherchent à sortir de leurs gonds La vie devient alors la plus belle des fables Ouverte à tous les possibles, rêves et frissons La consolation affichée dans le titre « Sèche tes larmes » cède tout de suite la place dès le premier vers à l’introduction pure et simple de l’allocutaire dans un monde paradisiaque virtuel (nous partirons sur la mer, pays des merveilles, /déposer un regard à l’horizon exorable / tu sentiras alors l’alizé lécher tes cheveux /et une main te guider vers l’issue /l’unique, celle de la lumière translucide ) entrainée avec soin et affection par le locuteur qui se propose de jouer pour elle le rôle d’un guide salvateur qui la délivrerait de son quotidien amer .Mais il s’agit bien d’un salvateur d’un genre spécial , du fait qu’il s’identifie lui-même à chacun des éléments qui accueilleraient l’allocutaire dans ce monde paradisiaque souhaité ( chemin – feuilles – bise – vent ) comme s’ils émanent de son propre être . Et ce genre n’est autre que celui des poètes. D’où la nature linguistique de ce monde qui a toutes les caractéristiques d’un poème particulier : le poème amoureux .Néanmoins , si ceci est signifié au niveau locutoire ( ce qui a été dit effectivement par le locuteur ) l’observation du non-dit ( illocution ) révèle d’autres significations cachées dont la plus importante est que la création de ce monde imaginaire merveilleux est irréalisable sans l’intention d’y accueillir l’allocutaire ce qui revient à dire que le poète végéterait aussi sans elle dans ce quotidien amer et c’est pour cela que la consolation formulée dans le titre est adressée aussi bien à elle qu’à lui-même . 2019-04-10 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet