Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 26 -4: Révélations…! 9 avril 2019 Elena Martinez et Mohammed El Qoch J’ai aimé cette brusque et légère bruine Qui mouilla nos têtes, ce jour là, Des épaules, aux pieds Le firmament jaloux Scruta nos pas et nous inonda J’ai aimé les vieux murs blancs Où nous avons inscrits Deux mots et qui n’ont plus Qu’un morceau de ciel pour toiture Et qui, par les ronces mordues, Souffrent en silence pour dissimuler Leurs blessures ridées J’ai aimé les fleurs dans ce recueil imagé Cahier fleuri de ma grand-mère, Où son rêve était prisonnier Près du portrait d’un militaire souriant A l’allure élégante des vieux soldats J’ai aimé ce sourire qui étincela ma vie Ma déchirure béante, ma plaie, Sur ces cils, j’ai vu mon devenir, Le chemin qui menait aux songes Nul besoin de phare, ses yeux, L’émeraude scintille J’ai aimé les choses du passé lointain Ces rires au clair des chandelles Ces longues veillées nocturnes J’ai aimé les lieux chargés d’histoire Me rappelant les prénoms effacés Les pages de la mémoire J’ai senti l’étreinte et la caresse immobiles Des ombres des réminiscences J’ai fermé les yeux que tes halos submergent J’ai repris le poids de ma vie Ma nuit jouit sous l’étoile des cieux Revoilà le talentueux duo qui s’unit et se sépare selon les lois intrinsèques de l’inspiration qui est parfois collective et revêt parfois un caractère strictement individuel .Et entre ces va-et-vient, il nous laisse quelques fois une longue période sur notre faim .Dans ce nouveau poème à quatre pattes , le duo donne une leçon remarquable à ceux qui confondent l’amour en tant que sentiment que des centaines de millions de personnes peuvent éprouver et la poésie amoureuse qui est avant tout un art et exige donc du talent dont ne jouit qu’une catégorie bien restreinte de doués Et la preuve en est ces images de pure création que leur imagination et leur sensibilité esthétique ont conçues . Est-il , en effet , à la portée de n’importe qui de se représenter cette jalousie vengeresse du ciel qui le pousse à déverser sa pluie sur les deux tourtereaux ? Ou cette nostalgie émouvante qui se dégage de la deuxième et la troisième strophes où est projeté l’état d’âme douloureux de la locutrice et du locuteur : d’abord sur un vieux mur sans plafond au long duquel ont grimpé des ronces mordues , ensuite sur le recueil imagé d’une grand-mère qui revit avec tant de peine et de regret ses souvenirs de jeunesse à jamais révolus ? Ou cette fine interception du devenir personnel dans les cils et les yeux du bien-aimé assimilés à des émeraudes ? Ou cette fuite en arrière vers l’ambiance chaleureuse et joyeuse des veillées nocturnes afin de s’y ressourcer les forces morales nécessaires à vaincre la mélancolie du présent ? Voila ce qu’on appelle poésie amoureuse et non cette déflagration de sentiments bruts traités artificiellement au moyen d’une versification compassée. 2019-04-09 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet