Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -3: Printemps des poètes…!

 

Poète,

Nous marcherons ensemble

Malgré l’épais brouillard

Éclaboussant nos matins moroses

Des joies si fluides de l’enfance

Nous sauterons à cloche-pied sur les trottoirs

Le ciel printanier déversera son arrosoir

De larmes pures, cristallines

 

Poète,

Nous sentirons ces gouttelettes d’eau

S’éparpiller, se faufiler dans nos cheveux

Et l’herbe grasse sous nos pieds éreintés

Se ployer sous nos pas mouillés

 

Poète,

Sur le chemin des écoliers

Nous écrirons quelques vers

Aussi frais que la première rosée

Sur tes paumes blanches exquises

Que le temps ne pourra effacer

 

Poète,

Nous rendrons hommage

À toutes ces femmes délaissées

Hier encore, enfant de tous les possibles

Visages silencieux du passé

Implorant la tendresse promise

Sur le sentier des espoirs prohibés

Et au loin d’elles

Des enfants traînent dans les ruelles

Jouant aux jeux des grands et de la guerre

Avec des fusils à l’eau claire

Pendant que des hommes à l’âme amère

Déambulent La tête baissée

 

Poète,

Nous rendrons hommage

A ces mères qui nous émerveillent

Un sourire aussi large que le monde

S’usurpera des lèvres gercées

Leurs yeux nous raconteront

L’histoire des libertés acquises

Le sang versé sur les champs

Les chants que les gorges scandaient

Haut et fort

 

Viens poète, 

Il est temps de rentrer

Ce soir

Il pleuvra sûrement des vers, des rimes

 

Ce nouveau poème du  sympathique duo la poétesse hispano-canadienne Elena Martinez et le poète marocain Mohammed El Qoch accumule  comme ceux qui l’ont précédé, les signes que ses auteurs l’ont confectionné avec la même extrême finesse que nous leur connaissons. Thématiquement , ce texte  appartient au genre du manifeste poétique .Et de ce côté-là , il présente le vrai visage du poète qui reste , avant tout , un charmeur de muses , un  vagabond des grands chemins qui court inlassablement derrière les mots inspirateurs et fascinants  pour lesquels il est prêt à se sacrifier lui-même  et  un récalcitrant irréductible qui n’écoute que nles appels émanant de son intérieur  et qui refuse d’être mu par  des  forces  externes quelles qu’elles soient , contrairement au politisé  toujours  prêt à recevoir les ordres et à les appliquer. Néanmoins, cet éternel errant  n’en est pas moins engagé dans les causes de sa société et de son époque,  car avec  le gros cœur qu’il possède, il rayonne d’amour et de générosité sur tous les damnés de la terre (toutes ces femmes délaissées – les enfants qui  traînent dans les ruelles – hommes à l’âmeamère qui déambulent La tête baissée ). Une autre caractéristique  importante du poète tel que le conçoivent les deux auteurs est  qu’il a une âme d’enfant, ce qui a d’ailleurs été démontré scientifiquement par la psychologie moderne   et qui explique le regard  profondément rêveur qu’il porte sur le monde .

Côté esthétique, le poème est subtilement fignolé  et  empreint d’une forte charge émotionnelle à couper le souffle .