Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 26 -3: Chaînes de nos infortunes… 7 avril 2019 Elena Martinez et Mohammed El Qoch Je plie bagage et file, dignement, Au-delà de ces frontières Établies par les hommes Je n’avais que cette idée en tête Qu’elle devienne ma dernière quête Partir là où l’amour et la paix règnent Terre concrète Et l’accueil de son prochain, Une réalité Je baigne dans le silence complice Toutes mes aspirations, Mon rêve et mes songes Mes mélodies infantiles Le chant de la nuit, exténué, Entre plaintes et complaintes Au crépuscule, gémit et râle. Je partirai à l’aube sur la pointe des pieds Pour ne pas déranger les autres Déposant un baiser furtif sur ces fronts bénis Les sentinelles qui m’épient Roupillent sous leurs couvertures d’incertitudes Leur sommeil éclairé par les faisceaux de la lune Prisonniers par les chaines des infortunes Je connais tous les chemins des landes, Les voies de la liberté chérie Seuls mes mots fidèles me suivent, De loin, sans éveiller les soupçons Je m’éloigne en dansant sous la voûte céleste Je pars comme l’hirondelle Sous d’autres cieux bienveillants Je renaîtrai de mes cendres A l’aube d’un matin soyeux Là où seuls les oiseaux Défient la brise et tissent le vent Et sous ce ciel d’harmonieux lambeaux J’accorderais avec eux mon chant, L’ultime… La fuite vers un monde meilleur constitue l’un des thèmes majeurs du romantisme .Mais si dans l’esprit du poète fuyard ce monde est sis à un endroit lointain de l’univers auquel on ne peut accéder qu’en enfourchant le rêve , pour les psychanalystes , par contre , il se situe dans l’inconscient qui est partie prenante de la psyché de l’être humain . De ce fait, si on adhère à cette thèse , le départ annoncé par notre talentueux duo ne sera – et contrairement à ce qu’ils imaginent – assimilé qu’à une fuite en arrière et plus exactement à un retour nostalgique à l’étape prénatale , étant donné que le monde dont ils rêvent possède toutes les caractéristiques d’un paradis (là où l’amour et la paix règnent terre concrète et l’accueil de son prochain, une réalité – les voies de la liberté chérie seuls mes mots fidèles me suivent, autres cieux bienveillants – là où seuls les oiseaux défient la brise et tissent le vent… ). Et ce paradis ne serait , bien entendu , que la matrice de la mère qui offrait à l’enfant la quiétude et la sécurité avant son éjection violente vers le monde extérieur parsemé d’écueils et semé d’épines ( frontières établies par les hommes – le chant de la nuit, exténué, entre plaintes et complaintes au crépuscule, gémit et râle – les sentinelles qui m’épient roupillent sous leurs couvertures d’incertitudes leur sommeil éclairé par les faisceaux de la lune prisonniers par les chaines des infortunes).Néanmoins, si ce voyage onirique révèle une crise d’angoisse violente vis-à-vis de l’ici présent , l’arme linguistique et esthétique dont dispose le poète est capable d’en venir à bout , grâce à l’écriture qui défit le temps et garantit au produit artistique la pérennité . Un joyau de plus qui vient d’enrichir un répertoire déjà bien fourni ! 2019-04-07 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet