Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 28–Les poèmes de Najib Bendaoud : 28 -5 : Gouffre pesant 15 mars 2019 Najib Bendaoud Un froid blanc remue En moi ce soir Une nostalgie perdue Dans ce noir Les jeux de ce monde N’ont plus envie de voir Les odeurs d’un savoir Sclérosé et vieux comme le temps Les nuits et les jours se succèdent Et moi je contemple le néant Un gouffre pesant Appelle mon imaginaire A l’insolite Une vie amère insulte Mes rêves tenaces Des pages d’une histoire aveugle Abusent de mes instants Palpitants Accusent mes moments Passionnants Pourquoi nuit sordide Ne cesses-tu pas d’accabler mon chemin Serein ? Ma terre féconde ? Mon âme prolifique ? Tous les oiseaux de mon cœur Se sauvent pour héberger le néant A quoi bon donc d’aimer le néant A quoi bon donc de cajoler les oiseaux J’ai les larmes dans ma bouche J’ai la soif dans mes yeux J’ai le froid dans mon ventre Et malgré tout, Son sourire me rappelle la joie L’auteur de ce poème dont presque tous les écrits donnent de lui l’image d’un amoureux-né, éperdument passionné de la beauté sous quelle forme qu’elle soit, solidement attaché à la vie et surtout vouant aux filles d’Eve un culte sans nom, nous surprend, cette fois, avec ce regard sombre qu’il porte sur lui-même et qui donne de lui l’impression d’un personnage tragique en rupture totale avec le monde (un froid blanc remue en moi ce soir une nostalgie perdue – je contemple le néant – un gouffre pesant appelle mon imaginaire à l’insolite -une histoire aveugle abusent de mes instants palpitants…etc. ) . Que s’est-il donc passé en si peu de temps ? Et est-il possible qu’une âme puisse virer aussi rapidement d’un extrême à un autre ? Ou il ne s’agirait que d’un état d’âme cafardeux passager provoqué par le mauvais comportement d’une bien-aimée récalcitrante et inséductible ? Ce sont là les questions que se posent les lecteurs habitués à l’univers lumineux de ce poète et qui les accompagnent du titre (Gouffre pesant )jusqu’au deux avant-derniers vers, pour se rendre compte tout à la fin qu’ils ont été feintés de la manière la plus singulière et que son discours cauchemardesque n’était qu’un subterfuge pour amplifier l’effet apaisant et réjouissant du sourire de sa bien-aimée (et malgré tout,son sourire me rappelle la joie).Et nous voici de nouveau en plein dans l’univers radieux et optimiste de ce poète ! Un poème finement ciselé techniquement, couronné d’une chute déroutante grâce à un usage très habile de l’hyperbole et le passage soudain tout à la fin de l’obscur au clair. 2019-03-15 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet