Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi : 26 -23 :Espoir 15 mars 2019 Gaëtan Parisi Je rêve Je rêve et j’ai peur Peur de mon réveil Et si ces images ne parlaient d’aucune aube vermeille Le vide est une présence amère Un spectre aux couleurs austères Où seul l’espoir assume une onde claire de lumière Une prière Au risque de me damner à jamais Je veux revivre ce que mon cœur aimait J’imprime ces images en polychromie Sur toute mon anatomie Je veux garder sur moi Et en moi L’espoir dépositaire Des graines de blé vert D’un avenir salutaire Dans ton univers Je rêve Je rêve d’un rêve sans fin Un rêve sans les images indolentes Mais avec les plus souriantes Ton retour Ton amour Ses fragrances Ses transes Comme “Dakiki” le poète guèbre J’aspire à l’excellence de la vie Une vie en ta compagnie La victoire du jour sur les ténèbres Je veux ton sang comme succulence rouge de mes envies Je veux les baisers de tes lèvres couleur rubis Je veux me balancer au son de la harpe Et ainsi rebondir sur l’escarpe De la muraille des religions Comme ultime espérance La délivrance De ma passion Je rêve Quel est ce rêve Sur le seuil de la fenêtre entr’ouverte Attendant que le matin se lève Pour s’envoler comme une feuille verte Pour essayer de saisir le fond de ce poème qui tourne, comme presque la totalité des écrits de cet auteur, autour de la rupture amoureuse, il est utile de se rappeler les étapes par lesquelles passe généralement, selon les psychologues, le partenaire qui vit cet événement douloureux : d’abord le choc qu’il lui fait subir ensuite la négation du nouvel état de fait pourtant évident et le refus de l’accepter, s’en suivra une colère violente et destructrice à l’encontre de l’ex-bien-aimé ( e ) mélangée à un désir de vengeance, puis une auto dévalorisation née de la sensation que l’expérience malheureuse qu’il vient de vivre est le résultat d’un échec .Ensuite , la courbe descend petit à petit vers le dénouement avec l’acceptation du fait accompli avant d’entamer une reconstruction qui sera plus ou moins longue. Dans ce poème, le locuteur, tout en étant sujet à cet événement tragique, se maintient dans l’étape de la négation, en se faisant l’illusion que l’amour perdu est récupérable. Et il va dans ce sens jusqu’à l’extrême, en se convaincant que l’impossible est possible et en vivant le désespoir, par le biais du rêve, comme un espoir. Là, le cas du locuteur peut être qualifier de pathologique, étant donné que la sensation qu’il éprouve naît généralement d’une rupture totale avec la réalité (Je rêve / Je rêve et j’ai peur/ Peur de mon réveil/ Et si ces images ne parlaient d’aucune aube vermeille ) . Ce qui est l’un des signes évidents de la psychose. Dès lors, nous comprenons que le discours qu’il se tient dans la totalité du poème peut bien être un délire psychotique .Et qu’y a –t-il d’étrange en cela puisque que l’Amour, le vrai , relève de la même zone qu’occupe la folie dans la psyché humaine : celle de l’irréel? Stylistiquement, ce poème est agrémenté, de bout en bout, d’images finement ciselées avec, en parallèle, un rythme interne toujours croissant, en concordance avec l’état d’âme du poète (Je veux ton sang comme succulence rouge de mes envies /Je veux les baisers de tes lèvres couleur rubis /Je veux me balancer au son de la harpe/Et ainsi rebondir sur l’escarpe/ de la muraille des religions/ Comme ultime espérance/ La délivrance/ De ma passion). 2019-03-15 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet