Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi : 26 -19 : Lumière 8 mars 2019 Gaëtan Parisi Telle une aquarelle De Wafae Abid* Les lumières de la vie sont belles Mais la mélancolie est mon habit Je veux que brille le ciel dans ma nuit Que des couleurs diluent mon ennui Le noir est le centre de mon univers Un univers où le ciel ne rejoint jamais la terre Deux lignes infinies parallèles D’où n’émerge pas le soleil J’attends l’inaccessible lumière Dorée Cendrée Eblouissante Eclatante Aveuglante Étincelante Brillante Qui suffit à imaginer toute ta beauté Lorsque je te caresse dans le noir Lumière noire Fluorescence blanche immaculée Lumière de feu Incandescence des corps amoureux Lumière bleue Luminescence de mon désir vertueux Peu m’importe Pourvu que son rayonnement Me transporte Donne un sens à ma vie Des reflets à mes envies Des illusions à mes rêves De l’espoir sans trêves Mon abime n’en finit pas Je suis proche du trépas Les ténèbres me cernent Le tunnel où j’erre se referme J’ai allumé une dernière flamme Pour que les murs de mon âme Eternisent ta silhouette Mais ton ombre reste muette Le silence s’asphyxie Le néant aussi est frappé d’apoplexie Où sont les énergies violettes Les arcs-en-ciel de promesses Les clartés célestes J’accroche le spectre de ta lune Tu es l’onde de ma fortune Déshabille mon désespoir Les étoiles scintillent dans le noir Ce n’est pas un hasard Si toute histoire commence dès le premier soir Wafae Abid : poétesse marocaine contemporaine Dans ce nouveau poème, l’auteur , qui appartient , comme nous l’avons mentionné plus d’une fois , à la catégorie des poètes dits « à expérience » c.à.d. ceux dont les écrits tournent autour d’un thème majeur ou constant, prouve , encore une fois , que le thème de la rupture amoureuse dont il a fait l’axe central de cette expérience est tellement riche qu’il est capable d’en générer un nombre infini de sous-thèmes, tel que celui qu’il aborde dans ce texte : l’enfer affectif engendré par la rupture et la tentative désespérée de s’en sortir .D’où la construction de ce poème autour d’une dualité principale : le réel /et le souhaité ou le fait/et le vouloir . En ce concerne le premier élément constitutif de cette dualité : le réel ou le fait , le poète brosse un tableau désolant de son état affectif et cognitif qu’il assimile à une détention à perpétuité dans une prison infernale obscure (la mélancolie est mon habit – ma nuit – le noir est le centre de mon univers – un univers où le ciel ne rejoint jamais la terre – deux lignes infinies parallèles d’où n’émerge pas le soleil – les ténèbres me cernent – le tunnel où j’erre se referme …). Quant au second élément qui occupe la place la plus prépondérante dans le poème et auquel l’auteur associe l’image de la lumière , il l’exploite pour décrire son besoin vital de libération (Je veux que brille le ciel dans ma nuit/ Que des couleurs diluent mon ennui – J’attends l’inaccessible lumière/Dorée/ Cendrée/ Eblouissante/Eclatante/ / Aveuglante/ Etincelante/ Brillante…).Mais cette libération ne peut se réaliser qu’avec le retour qu’il sait impossible de l’être cher (J’ai allumé une dernière flamme/ pour que les murs de mon âme/ Éternisent ta silhouette/ Mais ton ombre reste muette/ Le silence s’asphyxie/ Le néant aussi est frappé d’apoplexie…).Ce qui montre que la tentative du locuteur n’est , dès le début , qu’une échappatoire momentanée du chagrin d’amour qui envahit son âme . Au niveau stylistique , le poète nous a gratifiés comme toujours d’une série de belles images (Le noir est le centre de mon univers/ Un univers où le ciel ne rejoint jamais la terre – Lorsque je te caresse dans le noir/ Lumière noire/ Fluorescence blanche immaculée/ Lumière de feu incandescence des corps amoureux/ Lumière bleue/ Luminescence de mon désir vertueux ) doublées de sonorités agréables grâce aux couples de rimes régulières et à l’usage massif de l’anaphore , de l’asyndète et de l’accumulation . 2019-03-08 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet