Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 27–Les poèmes de Patricia Royet :27-15 : Nuit Argentée

De ma fenêtre,

J’ai exploré la nuit,

Jusqu’au bord du matin,

J’ai écouté ses bruits,

Et regarder cette couverture sombre,

Border le sommeil du monde,

 

Mes yeux étaient éblouis,

Par cette immensité noire,

Cet espace infini,

Brodé de fleurs de poésie,

 

Dans le jardin,

La lune éclaire,

Avec ses fils d’argent,

L’amandier solitaire,

Dansant avec le vent.

 

Cette   sympathique  poétesse de Saint-Étienne qui nous a habitués à une poésie amoureuse effervescente et passionnée, pour la plupart du temps sensuelle et épicée, nous surprend, cette fois , avec un mini-poème contemplatif et rêveur , fortement teinté de romantisme avec un brin d’existentialisme. Le cadre choisi est temporel : la nuit  et  il s’étend jusqu’à sa limite naturelle (jusqu’au bord du matin ).Et puisqu’il a été mis délibérément en évidence ,en le plaçant au titre ,  notons tout de suite que la nuit symbolise archétypalement l’inconscient féminin avec tout ce qui le caractérise, notamment la fluidité, l’intuitivité, la mollesse , la réceptivité…Ce qui équivaut à dire que la poétesse au moment où elle  porte son regard sur  l’étendue spatiale de l’univers enveloppée de noir projette sur elle , en réalité,  certains aspects de sa personnalité enfouis au fond de son inconscient. Et en examinant de près les propos de la locutrice ( celle qui parle dans le texte)  cette personnalité nous paraît encline à fuir le réel vers des univers lointains, à la recherche de sources d’inspiration inédites  .Cette tendance à se libérer  du tumulte du quotidien et de la monotonie et la fadeur de la réalité se mêle vivement avec la quête soutenue du beau (espace infini, brodé de fleurs de poésie – la lune éclaire, avec ses fils d’argent, l’amandier solitaire, dansant avec le vent). Ces conclusions, quoique hâtives, convergent vers l’image d’un Moi équilibré et harmonieux avec le monde  naturel donc un moi lyrique en communion totale avec le monde .

Le style, quant à lui,  se caractérise , comme à l’accoutumée, par une simplicité et une spontanéité qui séduisent le lecteur épris de  beauté naturelle et que rebute l’écriture académique artificielle et  compassée .