Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi : 26 -12 : Soudés comme le fer 27 février 2019 Gaëtan Parisi J’ai dans le cœur La trace d’heures exquises Quand près de moi avec ardeur Tu viens de ta banquise Te blottir dans ma chaleur Pour peindre le noir en or Des nuits du grand nord Sur mon corps, tes caresses Posent un manteau de velours Sur mon cœur, un souffle d’ivresse Brûle les premières lueurs du jour Enfin se dessine la forme mûre de notre amour Les mouettes sur la mer Récitent du Prévert J’entends leurs cris faire écho Comme un espoir à ces mots Je ne sais pas pourquoi Un vent nouveau souffle sur moi Comme les rythmes de chansons tendres Aux refrains magiques sans méandres Tu es la chaîne verrouillée de ma chair Personne ne viendra me délivrer Même le plus fort de l’univers Sous les flammes de l’enfer Ne pourra nous défaire A jamais soudés Comme le fer L’amour que célèbre le locuteur dans ce poème a expressément la plupart des caractéristiques de l’amour fusionnel dont surtout l’impossibilité pour les deux amoureux de vivre l’un sans l’autre (tu es la chaîne verrouillée de ma chair/ personne ne viendra me délivrer/ même le plus fort de l’univers/ sous les flammes de l’enfer/ ne pourra nous défaire/ à jamais soudés comme le fer) . Et malgré l’absence d’indices sur son éventuelle nature platonique , étant donné qu’il n’y a mention qu’à un léger contact corporel externe (tu viens de ta banquise te blottir dans ma chaleur ) , elle n’est nullement à exclure , vu que les émotions exaltées et dénuées de toute coloration sexuelle que cet amour fait éprouver au locuteur pourraient bien dissimuler un fort attachement spirituel (tes caresses posent un manteau de velours sur mon cœur – Les mouettes sur la mer récitent du Prévert j’entends leurs cris faire écho comme un espoir à ces mots – un vent nouveau souffle sur moi comme les rythmes de chansons tendres aux refrains magiques sans méandres ) . Néanmoins, les sensations enflammées qu’il dépeint ne cachent pas le caractère nostalgique de cet amour annoncé furtivement au deuxième vers (J’ai dans le cœur la trace d’heures exquises) et que le lecteur non attentif pourrait vite oublier ou n’y pas faire attention du tout. Ce qui dote, donc, le poème de deux niveaux distincts : l’un est apparent faisant étaler un bonheur éclatant et l’autre est profond renfermant une douleur sentimentale extrêmement vive. A cette construction en double étage, s’ajoute sur le plan du style l’effort très évocateur déployé par l’auteur tout le long du texte dans la figuration rhétorique aux deux niveaux des images et du rythme. En un mot : un poème bien réussi comme la plupart de ceux qui l’ont précédés ! 2019-02-27 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet