Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi : 26 -7 : Ma souffrance

 

Reprends

Entasse 

Dans ta besace

Vilénies 

Tricheries

Bassesses 

Le manque de caresses

L’ordinaire des jours

Reprends 

Cet amour

Sans promesse

Qui blesse

Et puis vole

Envole-toi

Emporte au loin

Les heures de ma vie

Asservies

Mes sentiments fendus

Mon cri éperdu

C’est ma foi

Laisse-moi

Avec ton absence 

Ma souffrance

 

 

 

Si le poète continue de décrire l’expérience douloureuse et amère de la rupture amoureuse dont il a été victime de la part de sa bien-aimée qui est, selon ses dires, hautaine et cruelle, le nombre illimité de sujets se rattachant à ce riche thème lui a permis jusqu’à présent de ne pas  se répéter. Et c’est ce que  nous constatons dans ce nouveau poème où c’est apparemment la première fois qu’il hausse  le ton à l’égard de son acariâtre  dulcinée et  ose la défier et lui montrer qu’il est capable de se passer d’elle, même si son insistance à se plaindre des maux qu’elle lui a causés laisserait filtrer un désir de conciliation ou même une tentative d’apitoiement ( les heures de ma vie asservies mes sentiments fendus mon cri éperdu ), car celui qui défie réellement n’affiche jamais sa faiblesse .Disons donc que cette attitude flottante du locuteur ne serait qu’une façon détournée pour  exprimer à son ex- campagne  son amour fou. N’est-il pas prouvé , en effet, que le seul  contraire de l’amour est l’indifférence ?

Sur le plan du style, nous rencontrons le même désir de bien faire et d’innovation dont ce poète nous a habitués. Et cela se constate  surtout  au niveau de  la texture rythmique et sonore du texte  où il a usé de procédés très diversifiés dont cette la série de rimes-échos qu’il a générée du mot «Souffrance” placé dans titre  et a semée  à la fin de plusieurs vers (Entas/se – besa/ce – Ba/sses/ses – car/esses- prom/esse – bl/esse – souffr/ance )  , ensuite ,le rythme  accéléré et saccadé  produit par l’accumulation (c.à.d.  l’enchainement de plusieurs mots et groupes de mots de même nature grammaticale ) (reprends/ entasse / reprends /vole/ envole / emporte/ Laisse- vilénies  /tricheries /bassesses …etc. ), l’ouverture et la clôture du texte avec le même vocable “ma souffrance” et  l’usage massif de l’apostrophe (qui consiste à adresser la parole directement à un destinataire donné )  qui a eu pour effet de tenir le lecteur en haleine tout le long du poème ….

En un mot, nous sommes ici en présence d’un poème   léger et bourré de trouvailles  stylistiques  colorées et attrayantes.