Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26–Les poèmes de Gaëtan Parisi 26-6 : Déesse 21 février 2019 Gaëtan Parisi C’est en vain que je rêve Entre soirs et matins En questionnant les ombres Alors que l’obscurité ne sait rien C’est en vain que je sombre Entre cris et silences Il n’y a plus de renaissance Pas de photons, pas de luminance C’est en vain que j’avance Alors que se ferme le destin L’ultime chemin Un tapis de pierres Amer Hors lumière Jamais le cœur n’a saisi vraiment les secrets du monde Les humeurs vagabondes L’amour même d’une seconde Fourberie immonde Le remord m’inonde Ma vie s’est fendue Perdue Dans les derniers songes Je plonge C’est en vain que je pense L’éloignement s’est allié à l’oubli Je pleure Je pleure depuis que tu es partie L’absence creuse les sillons de mes souvenirs Je sais que jamais tu ne vas revenir Je rêve Je rêve encore De la lactescence de ta peau nue De ta chevelure de blé d’or De tes fous rires de fruits rouges De tes chants azurs Aujourd’hui rien n’est plus sûr Il n’y a plus de jour nouveau L’aurore est un présent Un processus lent Désespérant C’est en vain que je lutte Contre vents, vagues et marées Dans le théâtre de leurs giboulées Ma barque est fatiguée J’ai jeté l’ancre Sur l’océan salé Là où je peux flotter Sans résister Me balancer De l’indifférence à la reconnaissance C’est en vain que je peux raconter L’exil et l’errance L’ultime déchéance Il n’y a plus de mouvement Plus de trajectoire Le temps se fige un moment La lumière fuit comme une victoire S’étale Comme une prairie d’étoiles Creusant les sillons de mes territoires J’enregistre la dernière image De ton visage De l’âge féérique Qui s’envole aux vents obliques Comme le refrain d’un chant ludique C’est en vain que je rêve Je désespère De retrouver cette force de bois vert Mais ce n’est plus un mystère Tu pars Tu pars à jamais Je t’aimais Je t’aimais tellement Déesse Je t’aimais Ma JEUNESSE Sémantiquement , ce poème a été généré comme la plupart sinon la totalité des poèmes de cet auteur à partir d’un noyau presque constant qui consiste apparemment ici et jusqu’au dernier vers ( ma jeunesse ) en une rupture amoureuse douloureuse de la part de la bien-aimée .Et à l’instar de tous les chocs de ce genre que le sujet reçoit comme une effraction violente de son psyché , ce traumatisme psychique occasionne inévitablement une angoisse extrême qui crée chez lui un besoin vital de trouver un échappatoire capable de le faire sortir du gouffre .Dès lors , nous pouvons distribuer tous les éléments linguistiques signifiants que comporte ce texte ( mots , syntagmes , phrases ) sur ces deux grands axes liés entre eux par la relation : cause à effet : le choc reçu d’un côté et la compensation qui s’en est suivie de l’autre . Sur le plan esthétique , le poète a usé de trois principaux procédés : le premier est la révélation de la cause de sa souffrance au 26ème vers ( Je pleure depuis que tu es partie ) .Ce qui a eu pour effet d’intensifier le suspens , le second est l’utilisation massive de l’emphase ( ou hyperbole ) pour dépeindre l’intensité du choc affectif qu’il a reçu ( fourberie immonde le remord m’inonde ma vie s’est fendue perdue dans les derniers songes/je plonge/ L’exil et l’errance l’ultime déchéance, ii n’y a plus de mouvement plus de trajectoire le temps se fige un moment la lumière fuit comme une victoire s’étale comme une prairie d’étoiles creusant les sillons de mes territoires…etc. ) , et le troisième enfin qui est le plus important est d’avoir fait croire au lecteur ; tout le long du poème, que la bien-aimée dont il pleure le départ est une femme de son âge au moment de l’énonciation avant de le surprendre, à la fin, par le fait qu’il parlait de sa jeunesse . Mais le plus important est que la reprise d’un même thème, du moins du même lexique et des mêmes significations apparentes, n’a pas empêché le poète de rénover dans la conception des images. Ce qui constitue, comme à l’accoutumée, son point fort. 2019-02-21 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet