Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 26 –Les poèmes de Gaëtan Parisi 26 -2 : Feu de lumière 11 février 2019 Gaëtan Parisi J’ai connu les frissons Une avalanche de frissons Sous la tendresse La délicatesse La sagesse De tes bras Jusqu’au trépas De ma jeunesse A l’apogée de l’aurore Quand les songes en or Perdent leurs parfums Les parfums Tellement humains De tes baisers divins. Une larme Déferle Perle Gèle Elle Inonde mon cœur D’un regret moqueur Une atroce sentence Dans notre existence L’absence Quand au petit matin Nous avons pris un autre chemin. Mes pleurs se mêlent Aux chants De nos batailles Nos retrouvailles Dans tes entrailles Eternelles. J’erre dans le présent Intemporel Dans le silence Sans nouvelles espérances De ces temps de danse. Les jours ont volé la prestance De ces moments de connivence. Les couleurs des derniers crépuscules Sous mes pensées se bousculent. L’ivresse De ton amour de princesse Manque à ma détresse. La main de ta poésie Reconnue comme idéologie D’un pointé au ciel Peint en azur le sombre Le sombre De l’ombre De mes souvenirs de miel. Sous tes coups de pinceaux Ton sein devient ruisseau L’éclat de tes yeux Un souffle d’étoiles Un vent délicieux Qui sur cette toile En rafale Dévale S’affale S’installe. Sous ce feu de lumière Comme l’arc-en-ciel éphémère Tu brilles Ma mère Ce n’est pas le thème en soi, malgré son importance capitale, qui retient l’attention dans ce poème, mais la façon dont il a été abordé et traité esthétiquement. Vu sous cet angle-là, il paraît être construit en deux niveaux : au premier ont été disposées deux dichotomies parallèles : l’une est temporelle : le passé avec la présence de la mère /et le présent en son absence et l’autre est psychologique : le bonheur que procure sa présence / et le malheur que cause son absence .Et au second niveau une autre dichotomie : le stimulus que constitue la présence et l’absence de la mère dans le réel / et la réaction émotionnelle du locuteur à ce stimulus. Et cette réaction s’opère dans deux directions opposées : d’un côté un retour nostalgique aux bras de la mère, assimilable, comme l’a noté Freud (1856 – 1939), à un retour à la matrice ou au paradis perdu et de l’autre la souffrance insupportable éprouvée après son départ. A cette structuration très fine du temps , de l’espace et du ressenti du locuteur en harmonie totale avec la présence et l’absence de la mère , s’ajoute le traitement figuré très subtil de ce ressenti sous la forme d’images aussi déroutantes qu’émouvantes telles que « les couleurs des derniers crépuscules sous mes pensées se bousculent – Ton sein devient ruisseau l’éclat de tes yeux un souffle d’étoiles – sous ce feu de lumière comme l’arc-en-ciel éphémère tu brilles ma mère » , en plus de l’usage massif des hyperboles (une avalanche de frissons – l’apogée de l’aurore – tes baisers divins – tes entrailles éternelles – ton sein devient ruisseau – l’éclat de tes yeux un souffle d’étoiles…etc. ).Ensuite, Le report de la mention du mot « mère » à l’ultime vers, bien qu’il constitue le pivot autour duquel gravite l’ensemble du texte, a conféré au poème un charme supplémentaire .Nous n’oublions pas à la fin de noter les procédés appropriés dont le poète a fait usage dans le traitement du rythme et des sonorités, à savoir l’accourcissement excessif des vers et la prosonomasie. Un autre poème très réussi .Bravo Gaëtan ! 2019-02-11 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet