Zaara par : Fatima Maaouia – poète algéro-tunisienne – Tunis 15 décembre 2018 Fatima Maaouia Tableau de l’artiste peintre tunisien Faouzi Maaouia La nuit l’avait choisie Un jour, Zaara devient aveugle Le cœur qui bégaie beugle Et gémit Besoin de béquilles Vous voulez me faire part de quelque chose Dieu En prenant mes yeux? Je crois que j’ai compris Voici ma lumière Nenni, ma fille répond la nuit Et le sort qui a trouvé sa proie Ajoute à vie à Zaraa une croix Elle a peur Zaara La menthe n’a pas fleuri Puis ce mauvais vent Le mont ricanant Prenant les devants Pour fuir la nuit Son mari se suicide À vie lui ajoute une ride Elle a peur Zaara Quelque chose va arriver Elle le sent Mur écroulé, elle va couler La menthe n’a pas fleuri Puis ce mauvais vent Le mont ricanant Le lait aigri L’olivier sans paix La chèvre malingre Vous voulez me faire part de quelque chose Dieu En prenant après mes yeux Mon mari? Je crois que j’ai compris Voici ma lumière Nenni, ma fille répond la nuit Et le sort qui a trouvé une proie de choix Ajoute à vie à Zaara une croix Cette fois, C’est son fils, sa joie Seize ans à peine Avec quelle haine Sous les yeux de son cousin, quatorze ans, Et son triste Troupeau Une brebis et trois moutons… Décapité Cerise sur le gâteau Les terroristes Au noir drapeau Ordonnèrent à l’adolescent Complice ou innocent ? De ramener à la mère la tête sans vie De son petit Que par peur de putréfaction Elle dû garder par effraction Toute la nuit Cette fleur glaçon Dans le frigidaire en sang De la famille Zaara devient chienne Peine, douleur, Elle l’a dit Zaara, pourtant Elle l’a dit Devant des milliers à la télé Que le mont lui fait peur Vous voulez me faire part de quelque chose Dieu En prenant après mes yeux Mon fils bien- aimé et mon mari? Je crois que j’ai compris Voici ma lumière Nenni, ma fille répond la nuit Ouvre la main Zaara, chardon des monts Puisque tes yeux ne voient rien! Et prends! Allongés De l’eau de tes yeux, jet et projets, Bonbon Que le destin T’a prêté Sont prêts Pour le jardin Définitif De tous les rifs Dont le charbon Brandon ardent Biffent Maux et kif Nenni, Jamais deux sans trois Et le sort qui a trouvé sa proie Ajoute à Zaara une croix Cette fois, c’est une proie de choix Deux ans à peine, qui aurait crû Que son aîné allait connaître le même sort Son corps Nu Avec quelle haine, sans nom Décapité et mutilé au sommet du mont Corrompu Connexion perdue Elle l’a dit Zaara, Sahara éperdu Mal ajusté à la vie Elle l’a dit ! Poitrine trouée Devant des milliers à la télé Que le mont lui fait peur Il l’a dit, aussi pourtant Devant des milliers Lorsqu’il a été reçu au Palais faux bienveillant Il l’a dit son Vaillant Qu’il avait peur pour sa vie Il l’ a dit son petit Dans un cri ardent Emporté par le vent Qu’il avait peur du mont Armé aux dents Ne crains rien fils C’était à la télé Et c’était en juillet, jour de canicule Où tout recule Aux pieds du mont qui pique Où le soleil était si fort et si cruel Qu’il grillait les ailes Des oiseaux en plein vol Par poignées Les abeilles tombaient assommées au sol Une fois encore on escamota les soins aux morts Comme les précédents Les morts vivants Vite enterrèrent le troisième mort Par peur de la putréfaction du corps Voici ma lumière…qui se tord Elle a peur Zaara Quelque chose va arriver elle le sent La menthe n’a pas fleuri Puis ce mauvais vent Le mont ricanant Le lait aigri L’olivier sans paix La chèvre malingre Dans le lieu Elle avait reçu une pleine fiole De vitriol Et d’alun Du terrain Dans les yeux Elle voyait mieux Voici ma lumière et ma vérité Bras cintres cassés et branlants Un pour chaque fils … Ni le mauvais vent Ni le mont ricanant Ne lui feront baisser les bras À Zaara Kahina sorcière berbère Elle porte dans sa chair Les couleurs de la terre Zaara devient sceau Lumière Au Front de l’univers Drapeau Au sommet du mont Tatouage Rebelle Elle se sent pousser Les seins En ailes Mamelles jumelles Zahra fleurs éternelles et sauvages 2018-12-15 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet