Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :13 – Les poèmes de Karmanda Maghi:13 -2 : Réminiscences 18 juin 2018 Karmanda Maghi Je suis tapie aux secrets de la chambre, Je suis l’ombre, Je suis murmure Je suis silence Je suis réminiscences. Les murs témoins muets D’audacieuses caresses, Celles qui revêtaient Vos corps et vos paresses. Les draps froissés, humides De toutes vos hardiesses Se souviennent encore, encore, encore… Ils me parlent de nous Ils me parlent de vous De vos ébats Vous étiez ivres Vous étiez fous La porte froissée Pour que fuient vos promesses Il flotte un parfum de regrets De ce qui aurait pu être De ce qui n’a pas été. Je suis dans l’ombre De vos murmures, De vos silences Je suis réminiscence. Cette jongleuse de mots , je l’avais dénichée un jour lors d’une intrusion fortuite dans son profit non-protégé et ouvert aux amis de ses amis. Et malgré que j’eusse noté l’un de ses poèmes de la mention « j’aime », il n’était pas aisé de vous l’amener ici parce qu’elle paraissait hésitante et peu confiante en ses moyens.Ce que confirmeraient les deux poèmes qu’elle m’a proposé à la fois, alors que je n’avais besoin que d’un seul et aussi son nom double qui lui sert peut-être de canne de marche au cas où elle trébuche . Assez plaisanté, entrons maintenant dans le vif du sujet ! Prenons au hasard le poème qu’elle a intitulé ” Réminiscences ” et reportons le second à une autre occasion. Apparemment et suite à l’usage de la deuxième personne du pluriel ” vous “, le contexte auquel se rapportent les souvenirs qui y sont évoqués est très intime et concerne soit deux personnages seuls qui se rencontraient fréquemment dans une chambre loin de tout regard, soit plusieurs duos qui s’y alternaient dans les mêmes conditions. Mais étant donné que que la locutrice s’intègre à un groupe (Ils me parlent de nous / Ils me parlent de vous), la possibilité qu’elle soit participante et non seulement témoin n’est pas à exclure. Jusque-là, deux procédés ont été mis en œuvre : le premier est l’assombrissement intentionné du contexte dans lequel ont eu lieu ces ébats amoureux sensuels (les murs témoins muets d’audacieuses caresses, celles qui revêtaient vos corps et vos paresses. les draps froissés, humides de toutes vos hardiesses ). Ce qui est en soi un générateur de suspense. Le second procédé est le choix de ce thème osé porteur d’une forte charge émotionnelle. Mais l’auteure ne s’en est pas tenue à ces deux techniques. Elle a usé en plus et à outrance de l’auto-identification à des phénomènes concrets et abstraits évoquant l’imprécision (Je suis l’ombre / je suis murmure / je suis silence/ je suis réminiscences) qui ont eu pour effet de renforcer le premier procédé. En un mot, ce poème dévoile une conception juste de l’acte d’écrire en poésie qui ne se réduit pas en une simple expression du ressenti de l’auteur et des émotions qu’il éprouve mais exige, avant tout, la capacité de créer des écarts et de privilégier le suggestif au détriment du commun et du vulgaire . Continue ! Tu es sur la bonne voix ! 2018-06-18 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet