Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :10- Les poèmes de Monika Del rio:10-7 : Le départ 9 juin 2018 Monika Del rio Elle ne veut plus partir. Elle est chez elle Sur cette terre aride Parmi les vautours. Elle se sent si bien, assourdie Par les bruits des tambours Qui remplacent Les battements de son cœur. Mais elle n’est pas seule… Des ombres fourbes S’approchent déjà. Elle tourne alors Son long cou de girafe noire Pour ne pas voir Des regards pareils A des flèches empoisonnées Qui tuent sur le coup. L’arc de son corps se tend… Prêt à fuir ! Son œil noisette s’assombrit… Pourtant , Elle ne veut pas partir… Pas tout de suite. Il y a encore Tellement de moments à vivre ! Du teff mûr à moissonner, De longues gousses de Milletia A admirer, Et de si belles étoiles Au fond de la nuit… Animée d’un désir vif et impétueux depuis sa première jeunesse ou peut-être même inscrit dans les gènes de changer d’horizon , Monika Goch , n’a pas hésité un jour , bien qu’elle fût encore adolescente , à s’enfuir de la fournaise polonaise sous le régime pro-russe pour se trouver seule dans les rues de Paris .C’était une véritable mésaventure douloureuse qu’elle a racontée avec une profonde émotion dans son roman intitulé Sur les pavés de Paris ( Tunis 2011 ) et qui fut le point de départ à une série de longs déplacements et de changements de résidence qui l’ont menée de Paris à Varsovie et de Varsovie à Tunis puis à Lille ensuite à Bruxelles pour se trouver en pleine Afrique à Addis Abeba et qui a engendré en elle une véritable phobie du départ .Condamnée en effet , à passer chaque fois plus d’une année à l’écart avant de s’introduire progressivement dans le milieu d’accueil, elle ne tardera pas , une fois intégrée dans son nouveau lieu de résidence , à voir pointer à l’horizon le spectre d’un nouveau départ .C’est ce qui lui est arrivé en Éthiopie où après avoir acquis, au prix de tant de sueurs , une certaine notoriété dans le milieu culturel , l’idée du départ vers d’autres cieux commence à la torturer .Ce qu’elle dépeint ici avec amertume et nostalgie , mettant en exergue son fort attachement au pays qui l’a adoptée .Ainsi, relu à travers ces éclaircissements biographiques, le poème révèle les mobiles profonds de son écriture et apparaît, dès lors, comme un cri de détresse émanant d’une âme endolorie contrariée par le destin qui n’a cessé jusqu’ici de la déplacer à sa guise comme une pièce d’échec sur le damier de la vie . Quant au style , il vaut plus par la charge émotionnelle que portent les mots et le rythme interne des phrases que par sa texture métaphorique malgré quelques images éparpillées ici et là .Ce qui concorde , en réalité, avec ce genre d’écriture appelée poésie de révélation . 2018-06-09 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet