Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :5 – Les poèmes de Philippe Correc:5 -10 : Valentine

Philippe Correc

 

Valentine

J’aime regarder ta mine

Ou l’matin je devine

Un p’tit air de coquine

 

Valentine

Un p’tit peu libertine

Tu montres tes tétines

Sous tes mèches de rouquine

 

Valentine

Bien que tu sois radine

Tu offres aigue-marine

A petite orpheline

 

Valentine,

Fini la nicotine

Tu préfères nougatine

Gouter sur moleskine

 

Valentine,

Mais quelle indiscipline

Une vraie gourgandine

Toujours à la cuisine

 

Valentine,

Tu es ma p’tite copine

De ta voix cristalline

Mon coeur dans la combine

 

Valentine,

Parfois tu me chagrines

Mais vite tu es câline

Et j’oublie qu’tu m’taquines.

 

 

Beaucoup confondent entre l’amour sensuel et le désir, alors qu’il sont très distincts l’un de l’autre : le premier étant un sentiment qu’on éprouve pour une seule personne et une seule ,tandis que le second est une simple sensation physiologique  qu’un individu ressent au contact d’une personne du sexe opposé , car, comme l’a si bien démontré Aristote, il y’a une différence énorme entre sentiment et sensation.

Dans ce poème, le thème tourne autour d’une relation amoureuse que le locuteur entretient avec une partenaire qui lui est apparemment très proche. D’où la prédominance d’un lexique familier et même vulgaire ( coquine – libertine  – tétines – gourgandine … ) mais  qui n’est pas du genre à être employé dans un discours  dirigé vers une vraie bien-aimée , même si l’auteur l’a façonné sur fond de taquinerie comme  le  laisse dire  le dernier vers   ( qu’tu m’taquines )   et si le ton y est expressément humoristique  , car aucune dame  au  monde n’accepte d’être traitée de « gourgandine »c’est-à-dire  de  putain , sauf si elle l’est vraiment .Ce qui réduit, par conséquent , la femme ici à un corps  qui suscite le  plaisir charnel. Est-ce vraiment  le regard que porte le poète sur la femme en général et la place qu’il lui assigne  dans la hiérarchie sociale ? Si oui , il est tout proche de l’ancien  poète arabe Abu Al Aalaa Al Maarii  ( mort en 1057 après J-C ) qui affichait   , dans ses poèmes ,  un dédain  total vis-à-vis des  filles d’Eve . Mais nous le pensons pas, car cela contredirait avec l’attitude respectueuse dont l’auteur de ce poème fait montre à l’égard de la femme dans ses poèmes précédents .

Côté style, le poète a usé à outrance du ludisme verbal et a doté son poème d’une structure rythmique solide  s’appuyant sur des quatrains  et une rime unique. Et c’est ce côté très soutenu qui constitue encore une fois  le point fort dans la poésie de ce poète auquel j’ai donné le nom du « poète du rythme ».

 

 

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