L’incident de l’homme à l’âne par :Mohamed Bouhouch – Tozeur -Tunisie

Mohamed Bouhouch

 

 

J’ai conduit mon âne à la place des martyres

Le jour de la fête de la révolution.

Nous nous sommes frayé un chemin au milieu de la foule et avons marché librement.

Moi, depuis la révolution, je ne monte plus mon âne

Car chacun de nous est devenu libre.

(La vérité aussi est que j’ai peur de la contestation du syndicat des ânes à mon encontre)

Lui, traînant derrière lui des livres et des déceptions

Et regardant parfois en arrière

Comme si une nostalgie quelconque le prenait au passé,

 Je lui donnais d’un temps à l’autre un coup sur le ventre

Jusqu’à ce que nous arrivions au milieu de la place.

Là, nous regardâmes…regardâmes vers le haut :

Le drapeau national flottait.

Soudain mon âne me surprit avec son braiment

Je lui donnai alors un coup de bâton sur le dos  

Comme pour lui dire : « Tais-toi ô fils de mon peuple ! ».

Le nouveau président prononçait à ce moment un discours.

Il énumérait…glorifiait…

Et le peuple d’après la révolution brayait,

Tandis que mon âne était pris d’un vif ressentiment.

Il faillit me piétiner de ses quatre sabots

Puis me murmura à l’oreille :

« Il , monsieur,… il ment ».

En vérité le comportement de mon âne m’a fait rougir.

J’ai dissimulé alors ce que j’ai dans le cœur

Et à la fin… j’ai brait avec mon peuple ! 

 

 

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*