Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :9 -Les poèmes de Mohammed El Qoch :9-7 : Derniers VERS…! 17 mai 2018 Mohammed El Qoch Tes hommes, presque nus, affaiblis, Par tant de labeurs quotidiens Errent, sans vie, Cœurs balafrés, Sous les lanternes éteintes Tous ces fragments d’espoir qui les abandonnent Sans lueurs, la nuit sculpte Le silence complice Ils se taisent et tâtonnent Attendant le lever d’un jour inconnu Toi, femme, la seule ressuscitée Toi femme qui a fasciné le destin Rejoins-moi à mi-chemin Entre l’hiver et le printemps Et laisse germer ce sourire Qui s’affaisse et se dérobe Sur les gradins de la détresse Sur les marches de la vie Ecoute les chants des hommes, L’hymne de la liberté, Fleurir sur les toits Orner les villes endormies, Dopées, épuisées, affadies Viens, dansons, donne-moi ta main C’est le dernier bal masqué C’est la dernière symphonie de Mozart C’est ton ultime chance, la nôtre, Mettons ce radeau sur les flots houleux Et plions bagage La mer est notre seul refuge Adieu terre mère, adieu l’oiseau… Trois notions-clefs sont mises en œuvre dans ce poème :la première est romantique : la fuite de la ville inhumaine et suffocante (les villes endormies, dopées, épuisées, affadies où l’homme est asservi et bestialisé (tes hommes, presque nus, affaiblis, par tant de labeurs quotidiens errent, sans vie, cœurs balafrés, sous les lanternes éteintes tous ces fragments d’espoir qui les abandonnent ) vers la nature en tant que refuge sain et propre ou plus exactement comme un lieu de retour aux origines lointaines qui lui permet de se réconcilier avec soi-même du fait qu’il était , comme l’affirme Rousseau, « bon » avant que la société ne le déforme ,le corrompe et le pervertisse . La seconde est que cette fuite s’opère comme un sauvetage collectif au moyen d’une embarcation, ce qui n’est pas sans nous rappeler celui entrepris par Noé pour échapper avec sa famille et des couples d’animaux au déluge. D’autre part, l’incorporation de la femme dans l’opération de sauvetage en tant que compagne nécessaire, inspirée aussi de l’histoire de Noé, signifierait qu’aucun affranchissement de la misère qui sévit dans le monde n’est possible qu’avec le concours du sexe dit « faible ». Néanmoins, le choix de la mer et non de la forêt comme lieu de délivrance donne à la démarche imaginée par le poète une signification plus profonde, étant donné que la mer est le symbole de la mère originelle dans la matrice de laquelle naquit la vie . Un poème symbolique bourré de significations pertinentes et que chaque lecteur interprète selon sa façon de voir les choses .Le style, quant à lui, est , comme toujours, bien travaillé et agréable à lire . 2018-05-17 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet