Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :9:Les poèmes de Mohamed El Qoch :9 -2 : Déchu, sans patrie…

Mohamed El Qoch

 

Il se souviendra, sûrement,

Le POÈTE qui a aimé

Ses automnes attendris

Ses  longues heures d’attente voilées

Ses veillées nocturnes

Chaque brin de lumière

Qu’ont tissé les jours fuguant

Chaque feuille qui tombe

Qui murmure et soupire

Ses destinations inconnues

 

Les mots, imperceptibles,

A l’orée du crépuscule

N’auront de grenier salvateur

Orphelins, sans gloire

Condamnés à l’oubli

 

Déchu, sans patrie,

Le cœur endolori,

Destinée sans destin,

Sans proue,

Se rebellent les flots

L’exil lui sera-t-il éternel ?

 

La notion d’exil autour de laquelle a été conçu ce poème a deux sens distincts : l’exil physique qui est le plus commun et qui consiste en un éloignement forcé du lieu d’origine et l’exil psychique ou spirituel ou intérieur qui peut être vécu même dans le milieu natal .Et puisque c’est au second sens que renvoient la plupart des vocables utilisés dans ce texte  sans la moindre évocation du premier ,il est important de savoir que l’exil psychique bien que les sensations qu’il engendre soient,  au niveau de la conscience, désagréables et mal supportées, comme on le constate visiblement dans ce poème (déchu, sans patrie, le cœur endolori, destinée sans destin, sans proue, se rebellent les flots l’exil lui sera-t-il éternel ? ), est , sur le plan de l’inconscient, tout à fait contraire c.à.d.  pleinement positif , car il s’agit , en fait , d’une émigration du monde externe impur et dégradé , le fief , par excellence,  de la non-vérité au royaume sublime des valeurs authentiques auxquelles s’attache naturellement  le vrai  poète,  toujours avide   de beauté , d’amour , de tendresse , de liberté et d’absolu. Et même si l’auteur  n’en fait pas état ici expressément, les longs moments contemplatifs qu’il passe au milieu de la nature mettent à nu ce besoin vital   (  le POÈTE qui a aimé ses automnes attendris ses  longues heures d’attente voilées ses veillées nocturnes chaque brin de lumière qu’ont tissé les jours fuguant chaque feuille qui tombe qui murmure et soupire ses destinations inconnues ), un besoin qui ne fait que s’accroitre dans un monde de plus en plus submergé par la marchandisation de toutes les activités humaines et dénudé de toute valeur spirituelle .Cette dimension philosophique, le poème l’a acquise à partir d’une  vision romantique de l’être et du monde , une vision teintée d’existentialisme qui constitue , en réalité, l’une des spécificités de l’écriture de ce poète .

 

Un commentaire

  1. Avatar

    le plus douloureux des exils c’est lorsqu’on est entouré mais seul (e). On se targue d’avoir du monde qui nous protège mais finalement, ce monde n’est qu’un mirage voire un boulet qui freine votre essor et chahute votre quiétude.

    Pour moi, c’est ça l’exil véritable !

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