Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :3 -Les poèmes de Philippe Correc :5 -6 : Un soir au théâtre

Philippe Correc

 

 

Elle fait des oh Joue de ses ah

De sa belle voix

  Création d’émois.

Un fa dièse en haut

Un sol bien plus bas

Cette tessiture

Nous conte aventure.

 

Elle vocalise

Sur l’air du piano

Une joie exquise

En fin trémolo.

Sur cette chanson

Elle s’harmonise

Au rythme des sons

Elle s’improvise.

 

Usant du micro

Pour sa résonance

Ondes sur la peau

Attisent mes sens.

Les frissons se posent

Le long de mon dos

De son crescendo.

 

Au cours d’une strophe

Ses notes s’envolent

Elle m’apostrophe

Mon esprit décolle.

La tension s’installe

Sa voix est bien claire

Debout dans la salle

Fusent les éclairs.

 

 

Philippe Correc nous propose cette fois un poème sur une chanson qu’il a entendue dans une salle de théâtre et qui a été interprétée par une cantatrice dont il tait le nom.  Ce qui revient à dire qu’il s’agit ici d’un produit artistique (un poème) qui prend pour thème un autre produit artistique appartenant à un art différent (une chanson).Et dans ce type d’écriture , le défi que relève le poète est de donner par les mots ce que l’autre artiste a exprimé par l’image ou le son ou les gestes ou d’autres moyens .Dans ce cas tout précis et comme nous le voyons clairement  dans ce poème, l’attention de l’auteur se focalise généralement  sur  deux éléments principaux :le côté sonore du spectacle et son effet émotionnel sur l’auditoire dont le locuteur lui-même. Concernant le premier élément , le poète a mis en évidence, par le biais de l’accumulation, la puissance et le charme de la voix de la chanteuse ( elle fait des oh, joue de ses ah de sa belle voix –  un fa dièse en haut un sol bien plus bas cette tessiture usant du micro pour sa résonance – en fin trémolo  – ses notes s’envolent –  son crescendo – sa voix est bien claire ) ainsi que  l’harmonie des sons  qui l’accompagnent  (elle vocalise sur l’air du piano – elle s’harmonise au rythme des sons ). Quant au second élément  auquel il accorde une place aussi importante dans le texte, il y met l’accent sur le pouvoir stimulant et associatif avec le rêve des sons qu’il perçoit (cette tessiture nous conte aventure  – une joie exquise – ondes sur la peau attisent mes sens. les frissons se posent le long de mon dos – elle m’apostrophe mon esprit décolle).Ce côté esthétique du spectacle qu’il s’est efforcé de mettre en valeur s’est répercuté sur celui du poème lui-même qui a acquis une texture rythmique très élaborée grâce à la similarité des strophes toutes conçues en huitains , ,l’accourcissement des vers, la presque régularité des rimes pour la plupart croisées  et  l’usage massif du parallélisme morphosyntaxique c.à.d. la répétition d’un segment phrastique semblablement construit et d’une longueur similaire ( un fa dièse en haut/ un sol bien plus bas – sur cette chanson /elle s’harmonise – au rythme des sons/ elle s’improvise- les frissons se posent / le long de mon dos – la belle en impose / de son crescendo – mon esprit décolle / ma tension s’installe ).Un autre joyau de ce poète qui écrit apparemment pour le plaisir et le susciter chez le lecteur. Et si c’est  cela son objectif , je peux dire ,en ce qui me concerne,  qu’il l’a largement  atteint.

 

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