Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :6 – Les poèmes de Solène de Lam :6-3 : Ma chère grand-mère

Solène de Lam

Ma chère grand-mère
Dans mon petit porte-monnaie,
Ma chère grand-mère avait laissé,
Quelques piécettes de cuivre usé
Et un merveilleux chapelet..
Que faisait-elle, tout en l’ouvrant ?
Sans doute comptait-elle son argent ?
Je ne sache pas qu’elle l’aimait tant,
Ses perles de nacres valaient autant !
Un vieux billet un peu froissé,
Montrait une victoire passée.
Mais sur la Croix du Condamné
Brillait le prix à acquitter.

Notre jeune amie parisienne Solène, géographe de son état, mais qui aime tant jongler avec les mots, d’habitude dans des poèmes amoureux osés pleins de sensualité et de défi, nous propose cette fois un texte d’un genre tout à fait différent dans lequel elle rend hommage à sa grand-mère. Dans ce sous-genre autobiographique,la focalisation se porte essentiellement sur la charge émotionnelle que suscitent les souvenirs de personnes, de lieux et de faits à la manière des réminiscences de Marcel Proust qu’il évoque dans son roman A la recherche du temps perdu .D’où la non-nécessité en principe de recherches linguistiques ou de performances métaphoriques, tellement le sujet abordé suffit à lui seul à réaliser la communion avec le lecteur. Consciente de la spécificité de ce sous-genre, la poétesse s’est évertué à dégager les détails les plus chargés d’affectivité positives surtout la tendresse et l’amour .Et rien de mieux , dans un tel contexte , que les petits objets auxquels s’attachait la grand-mère comme ce petit porte-monnaie , ces « piécettes de cuivre usé » , ce chapelet et ce « vieux billet un peu froissé » légués à la petite fille qui les qualifie de « perles » eu égard à la haute valeur affective qu’ils représentent à ses yeux . D’autre part, la sympathie du lecteur envers ce personnage appartenant au vieux temps est, en principe, acquise devant sa vision innocente et sincère du monde fortement imprégnée par sa croyance religieuse .Un poème palpitant d’émotion , empreint d’une sincérité transparente , qui se lit d’un trait puis se relit sans arrêt .Bravo Solène !