Mille hommes un homme
Comme dans la nuit
Mille étoiles une étoile
Mille âmes une âme
Comme dans les mots
Mille maux un mal
Les terres se rappellent
De l’unisson des continents
C’était l’ère où les anges ne rêvaient pas de diadèmes
Le temps où le soleil n’abusait pas de l’handicap des frontières
Mais l’horizon n’a pas toujours été
Pour disperser les rivalités des Esprits
Personne ne peut sonder l’intimité des cieux
Le vent seul connait les fantaisies des nuées
Les blessures du choc sont encore à la faveur des larmes
L’âme est déchirée entre ciel et terre
A qui la moisson des morceaux
À Dieu ou aux hommes?
Profondément croyant , empli de la présence de Dieu et dont la foi est à son paroxysme , ce jeune poète haïtien a toujours été préoccupé par les divisions qui n’ont jamais cessé de déchirer l’humanité, engendrant haines, guerres , massacres , misères ,hégémonie, oppression , terrorisme …et autres désastres .Et ce tourment, présent dans presque la totalité de ses poèmes, trouve son explication dans la tragédie douloureuse dont a été victime sa race pendant plusieurs siècles au cours desquels elle a subi les plus atroces humiliations et souffrances et dont le seul péché est d’avoir la peau noire .La présence dans l’esprit de l’auteur de cette idée insistante et fort récurrente, doublée de sa sensibilité esthétique effilée, a impliqué une grande diversification de son illustration par l’usage d’images toujours nouvelles comme celle de la Pangée qu’il a choisie dans ce nouveau poème et qui est un supercontinent qui rassemblait la majorité des terres émergées à la fin de la Carbonifère et au début du Jurassique avant de se fracturer peu à peu jusqu’à l’apparition des continents actuels. Cette image symbolise l’unité du monde à jamais perdue à cause de cette division géologique qui a entraîné le démembrement de l’humanité en races et les races en tribus et les tribus en castes , un démembrement malheureux que le Mal originel qui régit l’âme humaine depuis sa création sous forme d’agressivité héritée de l’animal a fini par affermir et éterniser. Cette métaphore charnière sur laquelle a été construit le poème tout en entier a été étoffée au niveau des détails par l’insertion d’une série d’images déroutantes qui se suivent tout au long du texte. Ce qui a donné, en tout, un poème finement ciselé, en plus de la question actuelle et de première importance qu’il traîte .Remarquons , en passant, l’influence de plus en plus nette au niveau des images du style du grand poète françias Patrick Berta Forgas dans l’illustration métaphorique de la dégradation du monde et sa vision cauchemardesque de la condition humaine sur terre .Un bon élève d’un excellent prof !Bravo Calli !