Quatre nouveaux poèmes de Fatima Maaouia -poète tuniso-algérienne -Tunis 24 mars 2018 Fatima Maaouia Printemps Je sens les bourgeons Le printemps … Je suis sûre que l’hiver Va passer révolu derrière. Je ne suis plus à terre Je capte la lumière Je ne suis plus tronc échoué de jadis et naguère Balayé par les mers La lune rêveuse me suit à présent Je suis dans ses paupières Traité Vivant par les ans Le soleil, le sel, la pluie et les vents… J’ai mis un arbre Inaltérable Vert Dans mon cœur Qui monte en hauteur… D’ailleurs, je suis fleur Pédigrée À en croire divers Statuts Qui prolifèrent Pendant que se raréfie l’air Que de facebookers Mériteraient statues Médaille Vermeille Bronze or, diamant, Platine, soie, dentelle, satin, velours ou fer… Maman ! Pan ! Pan Ci-devant, ci -derrière Tous leurs parents Se seraient battus comme lions En souliers de vair Pour libérer la terre. La maison sous la pluie… Avec quelle malveillance Pluie et vent A l’affût Entraînés à gifler, Noyer et gommer cités et champs, Affluent En rangs Frappent de front La maison dos rond Pieds gonflés Assignée à résidence Depuis sa naissance Qui fait de la résistance Il pleut si fort En continu Si tenu, si tenace Sur le corps de la maison nue Sur place Lasse de faire du surplace à bord Criblée sans arrêt d’aiguilles La maison En pâte blanche Aux arrêts Depuis des jours et des nuits Sans parapluie Et sans bâche En garde à vue Sous la pluie En pâtit… Si fort, si fort Que corps dilué … Du jamais vu ! Décolle Du sol … Mettant à nu Son rêve oublié Envie de respirer ailleurs Prendre un jour son envol Voyager Se venger De la pierre En emmenant d’ailleurs à la mer ses locataires : Les femmes et enfants d’abord Pour les soustraire à l’enfer De l’ennui de la dalle, De la télé et du capital Qui avaient tout bonnement juré de régler leur sort Lentement Descellant toute seule Ses ailes Telle Immense mouette, toutes amarres rompues Mue Par je ne sais quel ressort secret Toutes fibres dehors Aiguisées… Émue et grisée Par sa cargaison d’or Sans visa ni passeport La maison s’en va vers le port Dessin Faouzi Maaouia Poisson d’avril Je cherche depuis hier Le nom De ce poisson fragile De ces terres Exsangues Et rouges Ex Croissants fertiles, Ou personne ne bouge Que j’ai sur la langue Et qui s’est noyé, enfant, Yeux mouillés dans le sang de la mer … Je ne l’ai pas retrouvé La mer l’a couvert Ainsi que sa mère et son père D’ailleurs Que nulle frontière n’accueille Avec des fleurs A bras ouverts Et ne tolère Par contre, j’ai trouvé Que le sel De son ventre, sans jambe, sans linceul Poitrail Tel gouvernail Entrouvert Dans l’antre de la mer Sur d’inconnues frontières Qui regarde yeux grands ouverts Le monde vaquer à ses affaires… Était plus amer Dessin Faouzi Maaouia 2018-03-24 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet