Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :4 -Les poèmes de Calli Mondésir : 4-4: Tirage aux sortilèges 18 mars 2018 Calli Mondésir Juste le temps Pour saisir l’allure du soleil Au repos-éclair du temps Las d’expirer en sauvage Ses supplices pitoyables. J’ai dessoudé mes regards Du visage hérissé de la terre Pour une fois fissurée Mon audace s’est débattue à se désencrasser De son état de machine à ruiner le sol. Damnation ! Horreur ! Damnation ! La fugace convoitise De la liberté inconditionnelle A suscité les pires maléfices Dans l’esprit oppresseur, Disent-ils en farfouillant Leur répertoire d’ignobles meurtrissures Que faut-il donc pour que l’asservi insolent Rachète son avanie ? Une douce extinction de l’âme Sous la hargneuse pénétration de nos dards Entre ses entrailles ? Non non plutôt pendons-le Jusqu’à ce que son sang étrangle son souffle Et son corps nous l’offrirons en aumône Aux vautours et aux condors affamés. Les fatalités tombaient Sur le lit de la nuit Comme une horde de pleutres Et même le ciel semblait sombrer Sous la gravité de leurs répercussions. Quand passera l’averse infernale Si dans ma cage chante encore Même à voix de trépas Un petit cœur souffre-martyr, Je ferrai le serment désormais De faire du visage de la terre Un marchepied à mon coté humain. L’auteur de ce poème porte un regard sombre sur l’existence humaine dans ce monde, fortement influencé par l’esprit magique, la présentant comme écrasée sous le joug des sortilèges, des damnations et des malédictions, bien qu’il annonce à la dernière strophe qu’il adoptera dorénavant une attitude positive en faveur de la terre . Et de ce noyau sémantique, il a généré une énorme isotopie qui a englobé la plupart des lexèmes et des expressions que comprend le texte (SORTILÈGES – supplices pitoyables – visage hérissé de la terre – Damnation – Horreur – maléfices – esprit oppresseur – ignobles meurtrissures – extinction de l’âme – hargneuse pénétration de nos dards entre ses entrailles – son sang étrangle son souffle – son corps nous l’offrirons en aumône aux vautours et aux condors affamés – les fatalités tombaient – même le ciel semblait sombrer sous la gravité de leurs répercussions – l’averse infernale … ). Mais si on ne nie pas totalement la véracité de cette situation cauchemardesque qui prévaut dans un bon nombre de contrées du globe, elle ne peut, en aucun cas , faire oublier les réalisations grandioses de l’homme dans les domaines scientifique et technique qui ne cessent d’embellir la vie sur terre et la faciliter . Ensuite, les aspects négatifs dont il amplifie l’ampleur n’ont rien à voir avec les sortilèges et les damnations. Ils sont plutôt nés de l’agressivité innée de l’être humain, héritée sans doute de l’animal et qui l’empêche de faire de la terre un paradis. Et pour y remédier, il faut s’inspirer des philosophies de la force qui prônent la confiance en l’esprit créatif et combatif de l’homme qui finira tôt ou tard par le propulser au haut niveau de l’Homme Supérieur de Nietzsche , de l’Homme Révolté de Camus et de l’Homme Libre et maître de soi de Sartre . Atoumo Ou té lé Tombolo anlè mwen Atoumo Ou ralé Loraj an fonn tjè mwen Atoumo Ou vlopé Tout flèw alentou mwen L’ Atoumo m’ est tombé D’un seul coup en émois L’Atoumo Il sait tout Sur l’orage et par cœur Mon orage est au fond Locataire des fleurs Voici un autre mini-poème extrêmement condensé d’abord par l’accumulation de quatre métaphores en si peu de vers ( sept en tout ) : les deux premières ont été créées par le biais de la personnification de la fleur et les deux suivantes par l’auto-chosification de la poétesse qui, d’un côté, s’identifie au ciel en un point bien déterminé : le fait d’être un contenant abritant les nuages et , de l’autre, projette son état d’âme sur le fond de la fleur . Ensuite – et c’est le plus pertinent – le passage ultra-rapide de l’extérieur ( la description de la fleur )à l’intérieur de la poétesse ( mon orage ) puis le retour avec la même rapidité à l’extérieur . Ce va-et-vient – éclair entre l’ontique et l’ontologique connote une double action composée d’une assimilation suivie d’un transfert pour exprimer l’idée maîtresse du poème : les vertus magiques de Atoumo , cette plante antillaise qui guérit ainsi les âmes mélancoliques en plus des corps . 2018-03-18 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet