Le cercle des poètes de Souss par : Hassan Oumouloud – Agadir – Maroc 13 mars 2018 Hassan Oumouloud Qui dit poésie dit sincérité, douceur, ambition, et beauté – qui est l’objet de l’art-. Mais, qui dit poésie dit aussi mélancolie, lassitude, lyrisme, et aspiration au meilleur. Hugo n’a pas tort de nommer ” harmonie des contraires”. La parole douce est d’abord le langage des dieux chez les Antiques, pour être après celui des humains que considèrera Lamartine comme ” des dieux tombés qui se souviennent des cieux”. Eh bien c’est, chez nous à Agadir, que ces dieux tombés et errants trouvent leur refuge. Leur fontaine de Jouvence qui les rend éternellement jeunes ! Une jeunesse qui aux convoitises de la vie urbaine, la passion de composer des vers. Notre jeunesse est loin de ce que nomme Jean Giono ” une passion pour l’inutile ” ! Mais plutôt, nous trouvons notre pleine utilité dans la parole douce, le langage de l’âme, l’expression des rêves, l’aveu des tabous, la critique des mœurs, la déconstruction des certitudes et la quête d’un sens à soi et au monde. En toutes les langues nous exprimons nos désirs, nous étalons nos complexes, nous avouons nos faiblesses, et nous nous engageons dans la guerre pour le changement. En arabe, Hamdane , Illich, Bouzid , Ennemili, El Gamah, Taichinte, Idssane , Ait El Haj , Essaidi, Louriki, Sisyphe ,… et tant, tant d’autres combattants amoureux d’abord de leur appartenance sudique , désireux de partager leur désarroi en une langue qu’ils considèrent assez souple , riche et fluide. J’adore ces poètes dont certains lament leurs cigarettes sur la cendrillon comme on le fait pour un crayon ! – Je les vois sans qu’ils le sachent. Ils mêlent de jolis vers classiques et libres aux bouffées de fumée. On se comprend bien, on se sent bien, on s’aime bien. En Amazighe, les pionniers, Sidi Hamou, Azayku, Ouagrar , Akunad ,Moustaoui, Chouhad,… ouvrent leurs cœurs comme leurs bras – vivants ou morts- à une jeunesse très énergique et ambitieuse à l’égard de Jadal ,Alahyane, Bouzhar , Amediaz, Ait Hsaine, El Mannani, El Akili, Mazzi, El Guejda, Ait Salh, …Que sais-je ? Trop de noms ! Une élite qui désire s’exprimer en Tifinagh , âgé de milliers d’années , non pas comme leur unique canal d’expression , mais celui de leur préférence, celui dans lequel ils se trouvent , celui qui se présente à eux comme un vaste champ de beauté et de profondeur. La langue de leurs ancêtres, qui dit non ? Assiégée par les ennemis de la tolérance, ce qui fait de leur parole poétique amazighe à la fois une lutte pour la reconnaissance et une main tendue pour la paix, la diversité, la tolérance, le progrès, et la fraternité. L’âme marocaine point final. En Français, les couleurs du tableau poétique sodique s’entremêlent pour former une fresque belle à mourir ! El Hamri- tant pis pour ceux qui ne le connaissent pas !- Jayed , Nachef, Hachoum, El Hamrani, , Zalhoud, … pour ne citer que cet arsenal qui me vient à l’esprit ici et maintenant . Avec ” ces fleurs sauvages”, au sens du grand Khair-Eddine, la langue de Molière rejoint ses sœurs et ajoute aux charmes de La Savante Souss, cette sonorité exceptionnelle des lettres latines , cette profondeur de l’expérience occidentale , cette dextérité de composition poétique , et cet élan hugolien qui fait dire à Dona Sol , main dans la main ,” partons d’un vol égal vers un monde meilleur” ! En Anglais, il n’est pas seul croyez-moi, c’est un poète-valise ! La preuve est qu’il représente cent mille poètes pour le changement ! Avec El Ouai, ce jeune poète saxophoniste, tout comme ses notes, le vent poétique de Souss rend visite régulièrement aux cotes de l’Amérique latine ! La langue de Shakespeare s’engage, avec ses sœurs, à faire le tour du monde à bord des lettres et des bons sens. Avec ces jeunes poètes, la culture locale et nationale du Maroc fait son pèlerinage et se fraye ses chemins, et pas un seul chemin, vers les cœurs et les esprits du monde entier. En Arabe, Amazighe, Français, Anglais, (entre autres bien sûr!) , la poésie marocaine scelle ses liens solides avec l’universalité, avec la paix, avec la tolérance et avec l’ouverture ! Quand on se rencontre dans un café, dans un salon littéraire, dans une signature, ou dans une activité quelconque, ce n’est plus toi et moi,c’est NOUS, avec sa majuscule. Chantons donc Souss , chantons notre Maroc , chantons le Monde 2018-03-13 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet