Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :3 – Les poèmes et les récits de de Patricia Laranco :3-4: L’incomplétude de tout 13 mars 2018 Patricia Laranco Ah, l’incomplétude de tout, le parcellaire inachevé qui freine tout autour de nous chaque objet, chaque processus ! Cet état de manque larvé de demande de complément implicite, qui suinte, sourd de chaque morceau de réel ! Il faut toujours choisir, opter, exclure, en mettant en avant l’arbre qui cache la forêt, la partie, l’enclos, le détail ; on passe toujours à côté du mystérieux besoin de lien. On oublie, quelque soit le cas combien les séparations sont signes de mutilation, combien ce que nous percevons – y compris nous-mêmes – est, en fait, ouvert, imparfait, suppliant, conscient de sa nécessité de s’encastrer dans le restant du total, du bloc d’existence. L’idée d’incomplétude est ancienne et très évidente .Schopenhauer n’a-t-il pas expliqué la notion de dieu chez les peuples primitifs par leur faiblesse devant les forces de la nature ? Et c’est ainsi que l’idée de l’existence du dieu de la mer s’est dissipée dès l’apparition des navires à moteurs .Il est allé même jusqu’à supposer que l’image divine que s’est forgée l’homme au cours de sa longue histoire n’est que la projection de sa propre image dans le futur, c.à.d l’image laquelle il aspire et qu’il s’efforce de réaliser par le progrès technique, ce qui résumerait donc sa longue histoire en un combat acharné contre son incomplétude . Du point de vue psychanalytique , la sensation de déficience qu’éprouve l’individu normal non-atteint de paranoïa est due à la précarité du Moi et à son incapacité de contenir l’assaut des forces négatives que le ça exerce sur lui .Toutefois et en tout état de cause, cette faiblesse ne constitue-t -elle pas en soi l’aspect le plus splendide dans la nature humaine, du fait que c’est grâce à elle que l’homme se surpasse continuellement pour accéder à des degrés toujours plus hauts dans l’échelle de la plénitude ? Et si l’homme était complet, sa vie ne perdrait-elle pas tout charme puisqu’elle serait dénuée de toute lutte et stagnerait dans la platitude et la monotonie ? 2018-03-13 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet