Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2 – Les poèmes d’Alain Minod : 2 -16 :Pour un bel accueil au Dalou – place de la nation 13 mars 2018 Alain Minod Si joyeuse l’amitié résonne en partage Alors comment se fait-il que tu t’agenouilles En feuilletant toutes les pages de ta rage Pour la pauvre justice partie en quenouille ? Quand cette nuit qui a effacé l’horizon Reçoit mille et mille étrangers où étincellent Les yeux vrais de l’exil avec tant de raison – La veille se métamorphose fleur si belle A la plus proche des rives de l’infini Accrochent leurs ancres – des gens de lointaines îles Que toute leur patience et leur courage habillent Pour échanger tant d’expériences hors de leurs nids Que ne pas leur faire confiance serait futile Ils dessinent mille et mille parcours qui brillent Et tous ces profonds – secrets remueurs de cœurs Se racontant des histoires extraordinaires Font sauter d’un seul coup tes dernières rancœurs Contre la pauvre humanité toute ordinaire Ces rares jeunesses évadées de leur béton Laissent vibrer de leurs voix pleines de grands rires Les lèvres des rues en leur houspillant le ton Qui efface sûrement tes derniers soupirs Tout proches – les feux de la ville te sourient Et ils t’accompagnent en de bien gracieux gribouilles Que le défilé-fleuve des automobiles Finit d’enlacer ce bref poème en Paris Que la compagnie a bien défait de sa rouille En rendant autre justice vraiment utile Les poètes se divisent à un certain niveau en deux grandes catégories : ceux qui privilégient l’acte d’écrire motivé et raisonné et le texte bien pensé et harmonieusement structuré et ceux qui offrent une grande part à la spontanéité et à l’inconscient. L’auteur de ce poème semble appartenir à la première . Et cela se remarque d’abord dans le thème abordé qui gravite autour du problème de la xénophobie et qui est généralement un thème intellectuel qui ne peut être abordé en poésie que sous un angle très subjectif et propice à la fascination, le but visé de tout créateur. Sur ce point , on peut dire que l’auteur de ce texte s’est bien acquitté de sa tâche et n’a nullement démérité . En effet , partant de la dualité xénophile / xénophobe , il a généré deux sous-thèmes opposés tournant chacun autour de l’une de ces deux catégories, tout en prenant soin de mettre la positive d’entre elles en évidence au détriment de la négative, et, ce par l’auto-proclamation dès le titre de la première et la mise en veilleuse de la seconde qu’il a laissée tout le long du texte presque sous-entendue ( si joyeuse l’amitié résonne en partage alors comment se fait-il que tu t’agenouilles en feuilletant toutes les pages de ta rage pour la pauvre justice partie en quenouille ? ) . En plus de cette stratégie subtilement menée, le poète a tenu, en parallèle, à embellir son texte d’une série d’images finement conçues pour la plupart de création pure telles que : ” comment se fait-il que tu t’agenouilles en feuilletant toutes les pages de ta rage – cette nuit qui a effacé l’horizon reçoit mille et mille étrangers où étincellent les yeux vrais de l’exil – laissent vibrer de leurs voix pleines de grands rires les lèvres des rues ” . En conclusion : un bon texte malgré le caractère intellectuel et social du thème abordé ! 2018-03-13 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet