Un bouquet de poèmes sur le 8 mars de Fatima Maaouia –poète tuniso-algérienne –Tunis 9 mars 2018 Fatima Maaouia En grande tenue d’apparat La grande farce du 8 mars continue ici et lâ Tiens, c’est quoi ça, les filles ? Tous ces vœux qui tombent en poussières Alors que la journée Enjouée Des femmes ajournées Toute l’année N’est même pas finie ? On a mis Pourtant une fois encore le 8 mars au menu Même que sur le poitrail Quelques femmes on attrapé une médaille Méritée..et aux joues De gros bisous Mais d’ère en ère … Et les autres hirondelles et abeilles ?? Rougissantes alors d’émotion Le poing brandissant en l’air Le trophée de guerre Or Ou métal P’tit air coquin et sourire en coin : “C’est pour votre bien !” En général On n’en croit rien On n’est pas bête à ce point Non parce que boue et lourds métaux Grippent toujours vos mains et genoux Mais surtout Parce que pour monter si haut À de rares exceptions Elles l’ont fait sur votre dos Que tombent sphinx Éléphants, idoles et citadelles Qui font commerce d’elles ! Car d’ère en ère … Hérités Préjugés et inégalités séculaires Constatées : Salaire Héritage Responsabilités D’âge en âge Pour elles… au rabais coupés menus Continuent …en grande tenue Fêtes Ces fêtes sans queue ni tête Qui, en fait N’ont d’autres profondeurs Et de quête En dehors Du premier sillon d’or Germe recroquevillé Que celles de rappeler Le chapelet De plaies appuyées De peurs De toujours Et de sanglots Sous papier cadeau D’un jour La fête à l’arbre, à l’enfant, à la femme enfant et à l’oiseau Qui cuit Cui cui “Le bel aux lois dormant » Pendant qu’ici et là Le 8 mars :”BEL AUX LOIS DORMANT” Journée Où l’on voit, En grand … Plus la journée Des femmes Au front montant Que les femmes Aux abois Approche à grands pas, Où aboie Une montagne De questions brûlantes en Suspens Et où, brûlant de tout bois Et lui battant les flancs Chèques en blanc Et impayés Aux vastes vasques De ses basques… Débordant De la bouche du temps … De chais en chais.. Haut perchés Sur échasses, quilles et talons aiguilles Jambes, en fait trop ankylosées Par la rouille des faits Pour baliser Enfin Le terrain Biaisé Aux filles… De lieu en lieu et des plus fameux! Les États, promesses creuses et serments fumeux Yeux obstinément baissés Sur le vermoulu de leur pantalon baissé Marchent sur des œufs Parce que au nom du ciel ! Repêcher Les femmes, revoir sa copie, marcher pour elles c’est… Péché ?? Coupées en 8 Tous ces vœux … Pieux sur pieds Fleurs de l’espoir Poussiéreux et vieux A qui s’adressent-ils ? À celles Yeux Noirs ou bleus Qui chancellent Où le khôl beurre noir Ruisselle? À celles Qu’une simple cuite Qui ne dure qu’une minute Coupe en 8 ? À celles Face au mur Qui étranglent souffle, hurlements, sifflements, et soupçon de murmure ? À celles Qui jouent encore à la poupée … Que l’uppercut n’a pas loupé Et dont le sein treille De lait rouge tressaille et ruisselle ? À celles Qu’on coince et pince Dans la rue, un bureau, un ascenseur ? À celles Dont on célèbre avec des fleurs L’herbe coupée sous les pieds Et les pieds, dés coupés Au foyer, au travail ? À celles Nues Sans ressources, sans travail Et sans revenus Qui se prostituent À celles Folles Mendiantes Ambulantes ? À celle Sur laquelle On passe la crise de l’économie La crise de nerfs… de la vie Avec un nerf de bœuf ? A celles… Dont en partage De façon inégalitaire l’héritage Du nid Et de façon égalitaire Le mari Avec 3 ou 4 souris ? À Celles En cas de grave maladie Jetée à la rue Have et nue Avec ses petits? À toutes celles Qu’on brûle et tue Pour refus De porter un tissu Blême oriflamme Importé sur le crâne ? A partir de maintenant Les filles, je vous le dis Les garçons aussi… Car, ici la gangrène est générale Opération chirurgicale Et bistouri requis ! Sachez Que tant qu’on déchire encore l’âme Au cutter D’une seule femme Lumière Dont vous êtes dépositaires Vous ne valez même pas le sachet Où tant bien que mal Une fois l’an On emballe votre mal 2018-03-09 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet