Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :2 -Les poèmes d’Alain Minod :2-14: L’humanité hantée par la nuit 8 mars 2018 Alain Minod A demi ployées sous la fente de la lumière – Au bord d’un grand champ d’ombres – Lentes se penchent nos voix Percluses de silence Elles percent le temps du monde : Ces guerres qui n’affranchissent pas les cœurs Et leurs tintamarres escamotent Les plaies sous des masques De là qu’Ici tremble la paix Ignorante et blafarde – L’Histoire a déjà Tout joué Jusqu’à l’ultime temps Des enclumes où se broie Le bon droit Ici ont pleuré les arbres vermeils – Où a-t-on mis leur savoir Pour qu’ils ne touchent Leur lune d’été Masquée par Des nuées Orageuses Viens ! Tempête exorciser notre indifférence Allume tes chalumeaux pour souder Des liens d’Humanité Aux rangs dispersés – hantés par la nuit – La faconde des monstres répond Par les orchestrations De l’obscur Où Tous les horizons semblent hachés Par les dents voraces Qui rançonnent En les mordant : les étoiles Pour qu’elles disparaissent O Temps inféconds Qui bâtissez des paix hirsutes Où les balais s’essaient A nettoyer l’espoir De toutes les Scories d’amour O Frères dans les recoins où Les poussières d’encre Tentent encore De reconduire A travers le poème Des succédanés De joie – Ramassez – Relevez les grains Pour les semer jusque Dans les champs D’ombres Où Sévissent les massacres Dans les sillons de La liberté Il n’y a pas d’outre- barres bétonnées Qui ne soit misère et mort Même si là s’engrangent Les liens inconfigurables Des peuples C’est là A travers des chaînes sanglantes Que leur Humanité Est séparée De la seule paix qui vaille : Celle où ses voix Soufflent et Respirent Dans la lumière : La Justice comme pour tout Arbre du savoir Ce poème aborde le thème très actuel de l’agressivité, cette méchanceté innée ou héritée de l’animal de dont est chargée l’âme humaine et à laquelle on impute la cause profonde du phénomène destructeur et meurtrier de la guerre dont le monde n’a jamais cessé d’être menacé .Et même si le spectre de la guerre semble parfois s’éloigner, il ne s’agit que de fausses paix ( ô temps inféconds qui bâtissez des paix hirsutes où les balais s’essaient à nettoyer l’espoir de toutes les scories d’amour) pour jeter la poudre aux yeux. Nous avons donc affaire à une sorte de malédiction dont est frappée l’espèce humaine .Mais si le thème n’est pas nouveau, ni même l’évocation par l’auteur de l’inefficacité du Savoir humain face à cette folie dévastatrice et sanguinaire ( Ici ont pleuré les arbres vermeils , où a-t-on mis leur savoir pour qu’ils ne touchent leur lune d’été masquée par des nuées orageuses ? ), la façon dont il s’est pris pour le traiter esthétiquement est, en revanche, très fignolée . Et cela se constate dans l’organisation bien structurée de l’ossature du poème et dans le façonnage très fin des images qui ont été toutes générées à partir d’une dualité unique et constante : obscurité/lumière et en usant presque d’une même technique :l’abstraction du concret et/ou la concrétisation de l’abstrait( les voix sont ployées sous la fente de la lumière – leurs tintamarres escamotent les plaies sous des masques – des enclumes où se broie le bon droit – les balais s’essaient à nettoyer l’espoir de toutes les scories d’amour ).Ce qui constitue le point fort du poème .En un mot, un autre poème élaboré avec un style inimitable. Ce qui est le propre des vrais créateurs ! 2018-03-08 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet