Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1- 25: Graines du monde 6 mars 2018 Jocelyne Mouriesse Graines du monde D’ailleurs venue J e vais mes yeux De par le monde Nombril à la rencontre Nombril sur l’horizon pressé Passagère d’ailleurs Je vis aux bords de la rupture Je ressens les cieux boursoufflés J’attends dans l’ombre Que l’eau rage soulève Un grand vent de courage Entre les nuages et la feuille J’attends le temps de prendre brise J’attends le temps de me couper De la peur étendue D’ ailleurs Je te germe ce cri Un espoir ventral et têtu Sa vue de graine La vue d’ensemble De semer Par courants aériens L’à-venir d’un monde géant Après plusieurs mois d’absence, notre amie la poétesse d’outre Atlantique nous revient et avec style d’écriture totalement nouveau .Je me rappelle que pour commenter l’un de ses anciens poèmes, il me fallait le déchiffrer mot par mot pour en sortir à la fin bredouille, tellement elle se cloîtrait dans un symbolisme inintelligible .Ce nouveau poème , par contre , sans verser dans la langue commune et tout en étant fidèle aux règles d’or de l’écart et de l’anomalie poétiques , son idée charnière est claire et nette .Il s’agit d’une aspiration enthousiaste qui traverse une locutrice littéralement agacée par la dégradation horrible de la situation qui prévaut dans le monde à un changement rapide et radical qui mettrait fin aux guerres, aux atrocités et à la misère et ouvrirait à l’humanité des horizons cléments. De ce fait, c’est peut-être la première fois que l’auteure écrit un poème qu’elle construit sur une dualité nette : un vécu obscur/et un rêvé radieux. Au premier élément se rattachent les vocables (horizon pressé – cieux boursoufflés – nuages ) et au second les expressions et les mots (espoir ventral – graine – L’à-venir d’un monde géant ). Mais puisque cet avenir rayonnant et heureux n’est que souhaité ,il n’y a, selon les dires de la locutrice, qu’une seule solution pour l’atteindre : la force et plus précisemment une sorte de révolution au niveau planétaire qui mettrait fin à la haine, au racisme, à l’hégémonie ,à l’exploitation, au terrorisme et à tous les autres maux dont pâtissent les êtres humains. Pour cette raison,c’est tout à fait naturel que cet évènement perturbateur espéré se trouve attribué une bonne part des unités linguistiques mises en œuvre dans le texte (rupture – l’eau rage soulève un grand vent de courage– J’attends le temps de prendre brise -J’attends le temps de me couperde la peur étendue- courants aériens…). Stylistiquement, le report du noyau sémantique du poème à l’ultime vers ( L’à-venir d’un monde géant) a contribué à le doter d’une fin surprenante . Ce poème marque-t-il l’inauguration d’une nouvelle expérience ? En réalité, la réponse nous la connaissons : cette talentueuse poétesse a pratiquement abandonné ou presque l’art poétique depuis 2012 pour se consacrer au militantisme environnemental dans son île En tout cas, gardons-nous de toute anticipation, car le futur est entre les mains de Dieu ! 2018-03-06 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet