Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2 – Les poèmes d’Alain Minod : 2 -12 :Dans le vif de la distance 2 mars 2018 Alain Minod Ici dans la cale du temps Où se courbe notre promesse Nous inventons – tambours battants – Chaque jour – de nouvelles liesses Et qui les tient incandescentes En intensifiant leurs parcours Avec des flammes incessantes Qui alimentent le toujours Dans la grande soute du monde N’avance que celui qui veut Agencer le futur aux rondes Des passions et de leur grand feu O La si secrète justice Si chevillée à mon aimée Je voudrais qu’elle me tisse Une toile en sa grâce arrimée Passés nos moments de musique Chacun tanguerait sur ses rives Allumant d’un feu fantastique Le libre jeu de nos dérives Puis le vent soufflant au lointain Nous saurions alors nous rejoindre Aussitôt qu’il sera atteint Et nous verrions l’aurore poindre Non ! Jamais ne sera figé Tout ce temps gagné pour l’alliance Nos paroles ignifugées Ne brûlent pas de leurs distances Et ainsi brilleront nos corps Chair nerfs et veines saisies Dedans le vif d’un même port Pour un bateau de fantaisie Nous pourrons encore enlacer Le soleil pour nos propres vies Sans qu’aucun clash ne nous dévie De la route déjà tracée Toute promesse ainsi courbée Dans la justice alors dressée Ne sera jamais dérobée Par la courbe d’un temps pressé C’est un nouveau texte d’un poète qui s’est distingué par un style spécifique basé essentiellement sur un type bien particulier de métaphorisation qui consiste à concrétiser à fond les notions abstraites liées au thème traité (la cale du temps – se courbe notre promesse- flammes incessantes qui alimentent le toujours- agencer le futur aux rondes des passions- justice si chevillée à mon aimée – un bateau de fantaisie – nous pourrons encore enlacer le soleil – la justice alors dressée – la courbe d’un temps pressé….etc….). Et comme nous le constatons clairement ici , la plupart de ces métaphores sont du genre filé ou font partie d’images complexes .Cette orientation s’expliquerait par la nature incorporelle de l’univers intérieur du poète avec une volonté très nette de sa part de le matérialiser et ce, pour deux raisons possibles :la première est de le rapprocher de l’esprit du lecteur et la seconde est de façonner des images d’un même type afin de suggérer sa cohérence et son homogénéité. Quant au niveau du contenu , le poème a été construit sur une isotopie géante qui a englobé le plus grand nombre de vocables utilisés dans le texte. Cette isotopie peut être nommée « l’impulsion optimiste de l’homme » et pour en être sûr vous n’avez qu’à bien lire les expressions suivantes 🙁nous inventons – tambours battants – chaque jour – de nouvelles liesses -intensifiant leurs parcours avec des flammes incessantes qui alimentent le toujours – le vent soufflant au lointain nous saurions alors nous rejoindre aussitôt qu’il sera atteint et nous verrions l’aurore poindre – toute promesse ainsi courbée dans la justice alors dressée ne sera jamais dérobée par la courbe d’un temps pressé…etc.…) qui reflètent une attitude pascalienne ou plus exactement “un optimisme malgré tout” qui se présente comme une sorte de défi dans un monde à la dérive où rien ne laisse présager de bon .Et nous voici ainsi revenus à la croyance en la capacité de l’Homme à dépasser ses faiblesse et ses défauts pour bâtir un monde meilleur .Comme tous les textes précédents de ce poète , celui-ci se distingue par sa belle texture métaphorique inédite et la profondeur du regard philosophique que son auteur porte sur le monde d’aujourd’hui ! 2018-03-02 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet