Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2- Les poèmes d’Alain Minod : 2-10 : Au déshabillé de l’ombre 23 février 2018 Alain Minod Bonne sous l’ataraxie du silence : La plèvre d’où émane la respiration chuchotante Laisse tracer le sang d’une parole Attachée à un cœur Âme pulsant son cours Au déshabillé de l’ombre Elle brille sur tes lèvres – Soulignée par Un sourire Deviné Tropismes fléchés dans ta chair Comme fleurs s’épanouissant – Tu accueilles le flambant neuf De la caresse Ogive pointée de ton regard Sur la pauvre étoile Qui tangue dans Mes doigts Toi – remuant mon horizontal lointain Sur le terre-plein qui traverse Ta tendresse L’exil mâché par tes mots Qui s’étirent en Dansant – Lance la surprise verticale De l’instant Qui expose ton corps Au plus hâlé des Désirs pour Le bateau libre de Tout horizon Pendant que s’épuise Le mystère de Ton nom Au creux ferré De tes amours – Qui attrape les cordes et l’ancre Pour aller lâcher des Feux d’artifice Vers le large ? Au plus happé de ton lointain Ils résonnent avec Ta parole Que tu traces comme l’écume Sous ton vent de Sable On la retrouve : L’inattendue faisant brûler Le chiffon du désespoir Et couvrant de soie Les grandes épaules D’Eole qui véhicule La promesse Pour Les plus égarées Les plus fictives Rencontres Fixées Sans autre orientation Que le lit d’un Fleuve à son Embouchure Fleuve d’amour Que drainent tes mots devenus Compatibles avec Le désert urbain Où se perdent Les solitudes Soucieux, comme à son accoutumée, d’atteindre dans sa poésie le plus haut degré possible de poéticité, notre poète a déployé, comme nous le constatons clairement, un effort considérable pour purifier sa langue des sens lexicaux dénotatifs .Et le meilleur moyen pour y arriver est, comme il l’a fait, de vivre pleinement l’instant poétique , en enrayant complètement l’outil de penser et donnant libre cours à ses compétences siégeant dans l’hémisphère droit du cerveau ( imagination, perception , attention, intuition, affectivité …) .Dès lors, le poète se libère des contraintes qu’exerce sur lui la réflexion logique et n’a, par conséquent, que glaner les trésors sémantiques que lui offre son monde intérieur, en passant du réel plat et insipide à l’imaginaire, le règne, par excellence, du merveilleux et du fantastique qu’il exprime sous formes de métaphores inédites, de fantasmes bizarres , de sensations étranges , de visions abracadabrantes…Et le tout se déverse en des flots bouillonnants, du début du poème jusqu’à sa fin .Cet état que l’homme contemporain commun assimile à une forme de folie est, en revanche, fort recherché par le poète parce qu’il lui procure les expressions et les images originales dont il a besoin pour fuir la réalité . Formellement, ce poème a été conçu sous forme d’un discours noué soit entre un locuteur et soi-même donc un monologue, soit adressé de lui à un ou une allocutaire. Quant au contenu sémantique, il nous est éclairé par les trois derniers vers (le désert urbain où se perdent les solitudes)qui renvoient à l’état d’isolement et de marginalisation psychologiques dont souffre l’intellectuel dans l’espace urbain qui a passé de « la ville-monde » à une ville inhumaine ou plus précisément « une ville-monstre » où la sérénité , la sécurité et l’ataraxie ont cédé la place à l’angoisse, l’anxiété et l’inquiétude .Un poème finement ciselé dans lequel les inventions linguistiques déroutantes s’accordent harmonieusement avec le message profond véhiculé. 2018-02-23 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet