Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :2-Les poèmes d’Alain Minod :2-8 :Les voix sur la voix des femmes 19 février 2018 Alain Minod Elles cinglent sur l’océan du cœur Leurs voix d’amour – suzeraines Elles déplacent les signes Et ripent par-dessus La sécheresse Des temps Pour toucher L’inattendu réel Et leurs feux sur la rampe Où fusent les nouveautés – Emportent tout cœur Serré par l’oubli Car éveillant les rêves – Elles offrent mille histoires Pour un passé à Renaître Elles l’enflamment En quelques paroles Au dessin de soleil rieur Le gris du ciel – lui-même – Est dans ce soleil ivre De tant d’accords Rivés à leurs Corps – Qu’ils stupéfient L’âme des amoureux transis … Tant a été chanté : « …/…Avenir de l’homme » Qu’elles ensorcellent son destin … Plus de destin Mais la palpitation Jusqu’à leurs lèvres – Du soupir pour un avenir … Mais elles moissonnent de secrets Baisers lancés au terreau fécond D’où toujours elles partent Comme d’un charme qu’elles Accrochent au chevet De l’homme qui Attend cette Moitié du Ciel Un charme sur le champ Des batailles : Un raccourci de femme Pour y importer La paix Sans phare Ni héros translucide Ce sont elles qui éclairent Si elles n’imitent rien De la puissance Virile – Si elles ne rentrent pas Dans les cours des « Palais grognards » Ni non plus Aux conseils des princes Ni même dans La cuisine des Pouvoirs … Prises par un lever impétueux – Elles édifient dans Les tempêtes – Multipliant Traces de Grâce Comme un alcool Que l’on ne peut Que humer – Et à distance des carrefours Où hurlent les porteurs D’incendies Qui tente de rendre leur beauté Aux vitrines des rhéteurs Les viole ou les Prostitue Et qui s’accroche à elles Pour les mettre en devanture De ses privilèges – comme Lumière aphrodisiaque – Vole et viole Ce charme avec Son secret Sans pouvoir le réduire Et – sauf dans cette « parité » des places – Où le pouvoir – seul – gagne Dans une moire Recouvrant Son miroir Narcissique et voyeur – Le maintien de son ordre dominateur – Sauf dans cette complicité – Elles débordent Toute élection De leurs beautés En soif de Liberté Pour tant de corps Affichés en vedettes – Pas une seule étoile ne brille En partage d’âmes et De pensées – Extincteurs des voix qui charment : Vous les voyez : vos femmes Grimaçant de haine – Elles qui ont Intériorisé Jusqu’à Vos sourires condescendants De mépris pour Les pauvres et Les sans-droits Mais le feu fébrile et généreux Des voix qui chantent Et ont chanté En les accompagnant : Les rebuts et les rejetons De la misère – Vous le voyez et le verrez encore O hommes libres qui N’arpentez pas Les chemins de La pesanteur – Mais ceux De la grâce dans Les sillons fertiles où Vos mains rencontrent les leurs Et les serrent en Un même poing Pour danser Avec Ces haleuses du grand Train de passeuses De pas – Ils seront vôtres aussi Si vous ne les Enchaînez pas A des marches vers Les maisons du Pouvoir et Si vous continuez à Entendre leurs Voix Ce nouveau poème d’Alain Minod va nous éclairer encore plus sur ce que les avant-gardistes ont appelé “expérimentation” et “écriture” . Le premier terme veut dire l’écriture en l’absence de tout modèle,ce qui est théoriquement l’innovation dans son sens absolu et idéal. Quant au second , il désigne une pratique linguistique qui fait fi de toutes les règles rhétoriques et stylistiques ainsi que de toute typologie des genres littéraires .,ce qui a pratiquement pour effet d’ouvrir la langue sur des galaxies de significations nouvelles qui dépasseraient les capacités imaginatives de l’être humain. Le point de départ qui est l’idée charnière est toujours clair voire commun comme on le voit dans ce poème qui n’est qu’un hommage à la femme par l’exaltation de l’effet charmeur et magique de la voix féminine et que pourrait rendre n’importe quel poète. Mais une fois cette idée est retenue , son traitement se fait sans le recours à aucun mode d’exécution préétabli , exactement comme s’est pris l’auteur ici , en rassemblant un grand nombre de formes sous lesquelles s’exprime cet effet (cinglent sur l’océan du cœur leurs voix d’amour, suzeraines – déplacent les signes et ripent par-dessus la sécheresse des temps pour toucher l’inattendu réel – emportent tout cœur serré par l’oubli – enflamment en quelques paroles au dessin de soleil rieur le gris du ciel – lui-même – ensorcellent son destin – édifient dans les tempêtes –multipliant traces de grâce…etc…etc… ) . Cette démarche a été renforcée , dans la deuxième partie du poème, par des directifs adressés aux hommes sous formes d’avertissements et de conseils afin de préserver la femme de toute souillure , de ne jamais toucher à sa liberté et surtout de l’écouter (si vous ne les enchaînez pas à des marches vers les maisons du pouvoir et si vous continuez à entendre leurs voix ). Et encore une fois, si l’ossature de l’édifice du poème est bien posée, la langue , au niveau des détails et tout au long du texte , foisonne de connotations et de sens seconds , ce qui donne au lecteur l’impression de voyager dans un univers de rêves . Un poème bien réussi qui mérite une très bonne mention ! 2018-02-19 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet