Deux poèmes de Maissa Boutiche – Alger – Algérie 18 février 2018 Maissa Boutiche Solitude Je me sens parfois bien dans mon isolement. Je parle aux murs et aux oiseaux Qui m’écoutent en silence. Je ne veux point me libère, Ni ni protester, ni crier au feu. Je garde en mes tréfonds mon endurance. Je ne fais rien que de contempler le ciel Qui change à chaque instant de couleur Tantôt gris, tantôt bleu, De mon regard fatigué D’avoir trop plané avec mes rêves mirages Quand s’installe la nuit, je compte les brebis Pour que le sommeil vienne, me libérer. Je voudrai parfois briser le silence Par mes arabesques et voler. Mais mes ailes sont brisées Et les chaînes retiennent avec virilité mes mollets. Alors, je tisse mes soupirs et mes larmes en cordage Dans un container au port de la vie en souffrance Où mon âme archive tous mes dossiers Dans un PC ou s’écrasent mes doigts, sur le clavier. Je suis là à contempler l’horizon lointain Depuis des heures, peut être plus. Je ne m’en souviens plus du temps, Ni des heures qui passent Qui filent mes journées, ma naissance, ma jeunesse Et aux aguets cette vieillesse en silence. Je ne fais qu’écouter mon cœur et sa danse Soule de mes plaies qui me dénudent dans le froid Avec insolence… J’écoute la pluie qui patine sur le parquet, en abondance. Je lui tends pour cueillir ses larmes La paume de mes mains Que je passe sur mon cou, sur mes bras Et sur les traits de mon visage, Afin de me purifier et alléger de ses larmes ma souffrance… Je voudrai parfois redevenir un enfant, descendre dans la rue Libre et insouciant de ce qui l’attend, une fois grand, Danser sous la pluie comme jadis, Rire de joie, mais le cœur, n’y est pas Et les chaînes à mes pieds, m’y empêchent. La pluie tombe et de ses larmes Naissent des ruisseaux Qui insouciants, avancent Coulent dans le lit de la bleue qui déborde Et diverse ses vagues sur les côtes. Je suis toujours là à contempler le ciel gris Priant pour que le bleu l’habille, Écoutant le vent qui chante d’allégresse, Fouettant sur son passage de son souffle violent Les feuilles apeurées et les branches. Je m’aime telle que je suis Quand j’ai été enfant Et naïve collégienne Avec mes rêves fous et mon âme bohémienne… Je m’aime telle que je suis, là où je me trouve Et où je fais escale Dans le cœur de l’enfance turbulente Et un coin ou geôlière est l’absence J’apprécie mon âge mûr entre quatre murs Où mes pensées se serrent sur ma poitrine Ruminantes et chantantes… Je m’aime, quand même Avec mes cheveux blancs Et mes rides comme sillons Qui en disent assez long Avec mes souvenirs Et mes profonds soupirs Et l’absence du sourire… Je m’aime comme je suis, Bavarde comme une pie Et silencieuse quand je prie Rêveuse et sensible, fouinant dans mon puits. Je m’aime quand je deviens enfant Oubliant mes ans Et mes cheveux blancs qui archivent, Mes larmes qui lessivent Ma peur pour demain Mes peines et mon chagrin… Je m’aime telle que je suis Élève dans l’école de la vie Qui m’a beaucoup apprise Mais restent des leçons Que je n’ai pas comprises Avant que le rideau tombe Et le temps m’archive. Je m’aime quand mes odes Deviennent des notes de musique M’enivrent, me font tourner la tête. Tout l’amour du monde, s’offre à moi Me chante à tous les rythmes… Je m’aime, quand mon regard sourit À la beauté de la vie Et quand se rebelle et s’évade mon âme, Voyage dans le navire du temps, sans aucun bagage. De la patience amante, mes rêves détenus Dans un barrage, arrivent en retard Ebranlent mon âme, avec Art… Je m’aime quand la lassitude me gagne, Je m’allonge éreintée, sur mes pages. Mes mots m’enlacent, m’offrent une encre arc en ciel Qui embellit les murs de ma solitude et mon ciel Et les jours de mon petit bout de femme. Je m’aime telle que je suis, pauvre et naine Mais riche de mes principes, l’amour océan en mon cœur Qui brise les chaînes et le fer Hélas, le présent ne m’épargne guère De mon statut de femme, se fait Gouverneur. 2018-02-18 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet