Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2-Les poèmes d’Alain Minod : 2-7 :L’horizon lève des abîmes 18 février 2018 Alain Minod Le halo de ta demeure Remuant au hameau de la douceur – Où tu lézardes comme l’écume Qui se hasarde à Y mourir – Pousse le train des mots Que tu assumes Dans la longue Durée D’un partir Jusque dans les laves Qui fouettent la nuit en fermant Les portes glaciales L’ennui La ville – nid des solitudes Renie toute certitude – Mais elle couvre Les amants qui – Du mystère – Sont le Ciment Vas donc y creuser ses abîmes Où se cherchent et Tremblent Tes rimes Jusqu’à Terre Qui cache ses yeux profonds – Et tu ne lâcheras pas Le fond Grands soubresauts dans le futur Où tu ne tiens les sauts Saturant le monotone Que là où s’évanouit L’atone présence – Ainsi – l’existence Des songes Crevasse L’allonge des jours Dans une insurrection de beauté D’où l’on tire le flot étiré De l’horizon-liberté Pourquoi écrit-ton la poésie ? Il y a autant de réponses à cette question que de vrais poètes dans le monde depuis l’apparition du premier poème présumé : L’épopée de Gilgamesh rédigé par un poète babylonien inconnu en akkadien au XVIIIe ou au XVIIe siècle av. J.‑C . Alain Minod y répond à sa façon dans ce poème-manifeste . Fidèle , comme à son accoutumée , aux principes avant-gardistes de l’écriture expérimentale , il pousse l’acte langagier dans des sentiers non-battus , en faisant éclater les associations établies entre les mots dans le langage commun pour les remplacer, à chaque pas , par des combinaisons inédites qui ouvrent sur des mondes inexplorés (le halo de ta demeure remuant au hameau de la douceur – où tu lézardes comme l’écume qui se hasarde à y mourir – grands soubresauts dans le futur où tu ne tiens les sauts saturant le monotone que là où s’évanouit l’atoneprésence – ainsi – l’existence des songes …etc.…. ). Néanmoins, cette pratique linguistique dont l’effet majeur est la fascination du lecteur ou l’auditeur, ne suit pas une démarche aléatoire guidée par le hasard mais s’incruste dans un édifice dûment architecturé dont l’ossature et les axes centraux sont facilement saisissables par le récepteur , contrairement à ce qui se produit dans l’écriture surréaliste qui n’obéit généralement qu’aux fluctuations du hasard . Ainsi , les grands pivots sémantiques autour desquels s’articule ce poème sont clairs : les différents bienfaits que procure l’écriture au poète et que l’on peut ramener à trois : son effet exutoire qui consiste à soulager le poète , en l’allégeant des affres de la solitude et surtout l’ennui et la sensation d’égarement qui pèsent lourdement sur son âme au milieu d’une société citadine anonyme , son ouverture sur un univers de beautés enchanteresses et de plaisirs spirituels voluptueux , son action libératrice qui délivre le poète du carcan de la vie quotidienne et ses préoccupations insipides et abrutissantes . Enfin, encore un poème bien structuré, habilement conçu, finement élaboré où aucun détail n’est superflu ou laissé au hasard . 2018-02-18 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet