Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :2- Les poèmes d’Alain Minod 2-3 : Sortir du miroir 14 février 2018 Alain Minod Deux anophèles monstrueux Tarissent de sang un puits D’innocence … Pandémie sur la toile de l’étoile obscurcie : Des milliers de tarentules vont Être crachées de la bouche Guerrière sur un Autre puits D’innocence Et les peaux de la mémoire Seront empoisonnées Et les plaies seront Purulentes … Un sang maladif Renforcera le brouillage De tout horizon Ami ! Sépare-toi du chapelet infernal Qui ligue les lèvres sur La pensée emmurée … Sors du hallier Ligoté où Se calfeutrent Les orfraies … Creuse d’autres sources Pour les rossignols des murailles … Que les comètes montrent Au-delà de tout miroir Le courant vif d’un Passage ultime A l’aurore Et … Là … Sur cette terre coupée … Les amandiers refleuriront neufs Avec leurs rhizomes Qui élargiront L’espace Pour cet arbre d’un Savoir ancestral Ami ! Accompagne et accomplis Le mouvement dans le vent Des sarments blessés Mais braisés de L’olivier qui Ne demande qu’à les relever Ces flambeaux d’une Seule paix Voici un poète malchanceux au sein de notre groupe, car chaque fois que je décide de lui commenter et traduire un poème, je me trouve obligé de sauter son tour à cause de la longueur de ses poèmes qui ne se prêtent pas à une lecture rapide telle que je le fais sur facebook .Mais puisque que le poème qu’il nous propose aujourd’hui enfreint à cette règle, saisissons l’occasion pour donner notre avis là-dessus. Techniquement, l’auteur use ici du même procédé que dans tous ses poèmes précédents et qui consiste à générer de l’idée maîtresse qu’il prend pour point de départ des faisceaux de connotations avec lesquels il tisse toute une toile composée d’images entremêlées .Et ce procédé s’il fascine le lecteur averti par les détours de sens et les feintes rhétoriques qu’il crée , il rebute, par contre, le profane qui se trouve dès le départ enlisé dans des une jungle inextricable de significations désordonnées .Dans ce poème, par exemple, les mots « olivier » et « paix » employés dans la dernière strophe indiquent que l’idée charnière serait la volonté de paix unilatérale qui anime les Palestiniens et qui est tout le temps stoppée par leurs vis-à-vis .Et cette opposition nous éclaire d’abord sur la structure binaire du texte érigé sur la dualité :paix/guerre ensuite sur la part qui a y été accordée à chacun de ces deux éléments .Quantitativement, les trois premières strophes ont été consacrées à la guerre et ses désastres .Mais si la vision du poète y est expressément pessimiste (des milliers de tarentules vont être crachées de la bouche guerrière – les peaux de la mémoire seront empoisonnées et les plaies seront purulentes …un sang maladif renforcera le brouillage de tout horizon), le reste du poème laisse présager un dénouement positif ( le courant vif d’un passage ultime à l’aurore – les amandiers refleuriront neufs avec leurs rhizomes qui élargiront l’espace pour cet arbre d’un savoir ancestral), un avenir réconfortant mais conditionné par des injonctions exprimant le conseil (Ami ! Sépare-toi – Ami ! Accompagne et accomplis).Un poème politique certes mais hautement poétisé et n’a aucune ressemblance avec la poésie directe servant à haranguer les foules. 2018-02-14 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet