Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse : 1-13: Sable, Luth et volupté 11 février 2018 Jocelyne Mouriesse Sable, Luth et volupté Au point du jour Au coin des lèvres Tout l’océan pour me reprendre Quand ma pensée s’égare L’horizon… Ce trait de crayon implacable J’aime à le suivre Revoir en lui Le vent décrocher le nuage Mais rien n’étrangle aussi fort que le trait de l’air pur Alors je sais… Il y a tous ces bleus à soigner, Apprendre aux vagues à surfer Ce silencieux vacarme Cadence douceur de l’écume Même quand l’accord et la vue de l’ensemble N’annoncent pas de remous musical Alors luth est ce halo qui dévale Point de suture quand l’eau crache et révèle L’aveugle volupté des sables. Ce nouveau poème qui diffère des précédents par sa longueur moyenne, est écrit selon la technique de « la poéticité des choses » inventée par Francis Ponge (1889 – 1988) et mise en application dans son fameux recueil intitulé Parti pris des choses .D’après cette conception de la poésie, le poétique (au masculin et non au féminin) (c’est-à-dire l’essence de la poésie) est vicié dans la nature avant d’être intercepté et exprimé par des mots . Ce poétique prend ici différentes formes que seul l’œil du vrai poète peut voir et capter, parmi lesquelles des traits ou des qualités invisibles de certains objets tels que le trait de l’air pur, la douceur de l’écume , le silence du vacarme , l’aveugle volupté des sables , la vastitude de l’infiniment petit comme ce coin des lèvres qui abrite tout un océan , des relations entre les choses elles-mêmes comme ce vent qui décroche le nuage…Mais le brossage de ce paysage n’est pas une fin en soi .Il joue plutôt le rôle d’un miroir sur lequel la poétesse projette son psyché ( Tout l’océan pour me reprendre – ma pensée s’égare – Alors je sais…) qui nous paraît ici équilibré, serein et en accord total avec son milieu environnant . Au niveau du style, plusieurs images abstraites et composées retiennent l’attention surtout : ” au coin des lèvres tout l’océan pour me reprendre ” / “rien n’étrangle aussi fort que le trait de l’air pu “. Un poème moins énigmatique que les précédents mais écrits avec la même sensibilité esthétique effilée qui repousse le dénotatif et privilégie les connotations et le pouvoir évocateur des mots. 2018-02-11 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet