Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor (1) :les poèmes de Jocelyne Mouriesse: 1-1 – Monts cotonniers 27 janvier 2018 Jocelyne Mouriesse Monts cotonniers L’aire de rien L’air fragile Eau perchée L’air futile Morne halo Versatile Où le vent emportera t’il Les élans de mon cotonnier ? Me voici confronté à l’un des mini-poèmes de notre amie la poétesse de l’autre bout du monde .Et cette perspective en soi me rappelle quelque peu le premier jour où je fis mon entrée en classe à l’école primaire en présence d’un instituteur très sévère, un bâton à la main et qui nous battait à la moindre faute .Mais si je ne risque pas cette fois d’être battu à l’aide d’un bâton , ma peur d’essuyer un échec de compréhension est réelle surtout que les chances de réussite ici sont presque inexistantes , vu le verrouillage extrêmement hermétique du texte .Essayons tout de même de chercher des semblants de brèches .Et en voici une qui semble nous interpeller vaguement : la dichotomie composée , d’un côté , du cotonnier que la locutrice affectionne expressément ( mon cotonnier ) et de l’autre tous les composants de l’environnement qu’elle évoque et dévalorise (l’aire de rien /l’air fragile /eau perchée /l’air futile /morne halo versatile ).Ce qui révèle un attachement affectif au cotonnier, tout en ayant la sensation qu’il se trouve dans un milieu qui lui est inadéquat . Ceci est au niveau locutoire c.à.d. du Dit .Examinant à présent le Non-Dit .Ce qui attire notre attention , sur ce plan , est la blancheur du coton .Et cette couleur , qui est un symbole archétypal , signifie l’absence et surtout cette de l’amour , dévoilant ainsi une angoisse engendrée par une solitude étouffante due à un éventuel échec de s’adapter au milieu social environnant . Par ailleurs , n’oublions pas que le linceul dans lequel on enveloppe le mort est aussi blanc , tout en faisant le lien entre l’amour et l’instinct de mort supposé par Freud et qui n’est pas seulement homonymique ( Amour / Mort ) . A un autre niveau , celui de l’écriture poétique proprement dite , la peur qu’éprouve aujourd’hui le poète ou l’écrivain authentique pour le sort des fruits de son esprit se fait sentir également à travers ce texte , surtout à notre époque où on tend de plus en plus à les dévaloriser tout en entourant de toutes les faveurs les pseudo-artistes , ” les écrivants” ( ceux qui écrivent avec la main seulement ) et autres charlatans qui confectionnent la culture dite de consommation dénuée de toute valeur artistique et véhiculant de faux idéaux tel que la violence et l’érotisme excessif .Un rappel toujours nécessaire : la locutrice ne s’identifie nullement à la personne de l’auteure ! 2018-01-27 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet