“Sinistre moisson” et ” la queue” : deux nouveaux poèmes de Fatima Maaouia – poète tuniso-algérienne –Tunis 26 décembre 2017 Fatima Maaouia Pauvre canasson, Fringant et libre comme le vent Avant Avec son Émir, d’alors Tronc or ardent Fier guerrier, Porteur, aube, matin et printemps Burnous honneur flamboyant Dont parlent encore … Plaines et monts Duo de feu fulgurant Élan A l’horizon Flambeau frémissant Défiant tempêtes, vents Tourments et néant béant Forçant la porte du temps A s’ouvrir en grand Destrier volcan impétueux Sans lacet, Guerrier fameux, Émir lumineux Étriers or et argent Flammes enlacée d’avant … Pour aller de l’avant ! Ils brisaient le mur Du son Grinçant et gémissant de tout son sang Réduit à des points de suspension Sang pour sang…SANS Vidé de son sang Délesté de ses éléments clés Transformés en glaçons Il est la risée des nations Pauvres garçons Étoiles Émotion Sans avenir Ni vrai Émir Livrés au pire Ligotés à quai Avec ces poisons : Générale commotion Qui mènent la pression Et l’on s’étonne en plus En la maison D’avoir perdu la raison, la direction Le sens et la saison Ho, hisse ! Le précipice ça se tisse ! Holà ! Manants ! Même si on est riche… Avant Lorsque pas à pas Troquant allègrement Luttes et grands combats On a fermé la porte aux bons vents Au bon moment Lapidé les amants du changement Brillants et sages émirs, destriers et bataillons de guerriers En fioles Sous bâillon Ou en haillons Enterré toutes fleurs, Qui affleurent Clé de sol D’aujourd’hui et d’avant Aimant et aliment Limon Vivant Qui ont fait école… Quand, oubliant les serments On ne cesse de se tromper d’ailes et de soleil Pour s’agripper à la mauvaise treille Souvent Avec l’aide internationale Pour enfourcher comme cheval de bataille Fausses idoles, barbiche- hélice Djellabas, leurre, burka délices Torchon volant préjudices, boussole Factice C’est qu’on n’a rien dans le caleçon Et perdu l’humus… de toute façon La queue J’ai vu, dans les chaines En attendant Noël J’ai vu à l’entrée des femmes avisées, S’épiler en un clin d’œil Au citron et au miel Faire la vaisselle Torcher et allaiter un bébé Éplucher à la pelle Leur légumes pour le dîner et écosser De plus en plus petits … Des petits pois Estampillés FMI A froid J’ai vu, les murs tomber à la renverse Recevant sans crier gare sur la tronche Comme une offense Brûlante au front Le nom L âge, Le téléphone et la date de naissance D’une bonne femme ou d’un bonhomme Qui n’en menaient pas large J’ai vu, transformés en tickets Et jetés en séries à la poubelle Des hommes et des femmes avec leurs petits Saisir l’opportunité En attendant d’être servis D’aller vite fait, consulter Leur psy, faire les courses, payer loyer Et revenir dare-dare Faire la queue comme si de rien n’était Tout un art ! J’ai vu des amitiés se tisser Des contacts se nouer Des gorges nouées Des joues cramoisies Des gens se pousser Des cris pousser Des mains repoussées Des gars détroussés Des malades tousser Des fonctionnaires en colère Des yeux hors d’orbite Des voix qui aboient et crépitent Des regards baissés Des êtres aux aguets fatigués De faire le guet De la dépression et de l’électricité dans l’air Des plombs et des béquilles sauter Des réseaux tombés poussières J’ai vu des rendez-vous ratés Des femmes du côté de l’obscurité Tricoter Des jambes divorcées Des dents grincer Des regards flotter Des os grelotter Le carrelage froid suinter J’ai vu aussi Vu de mes yeux A la queue leu leu Dans la queue qui avait de l’avenir Des jeunes sans avenir Que personne ne prenait au sérieux Devenir A la queue leu leu …Vieux J’ai vu Dans les kilomètres de queue Des queues, sans tête ni queue Se mordant la queue, Et revenir à qui mieux mieux grossir la queue Et, joignant l’utile à l’agréable, Jeunes ou vieux Échangeant regards, pas désagréables Soupirs, vœux “J’aime”, bagues, rire, blagues, air-bag, Gemmes, gags J’ai vu, alors, en fermant les yeux Tant la fleur de leurs yeux était bleue J’ai vu Le départ de mille feux ! Des couples se rencontrer… Et se jeter à l’eau Pour un départ nouveau Vers d’autres chaînes et queues La Fatiha à peine récitée J’ai même vu cet été Des enfants en chaîne Naître à la vie Prendre leur ticket Et les femmes avisées Qui s’épilaient en un clin d’œil Au citron et au miel Enfin servies, arborer à la sortie Pour plus de visibilité Moustaches et sourcils des plus drus et épais… 2017-12-26 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet