Deux poèmes de Maissa Boutiche – Ain Benian – Alger- Algérie 22 décembre 2017 Maissa Boutiche Errance Je ne fais que passer et repasser Dans les poches de ma mémoire, mes souvenirs Les bleus de mon enfance et la gaieté de mes quartiers Où les enfants malgré les temps durs riaient et dansaient Quand aux adultes amoureux avec leurs rêves Entre les coquelicots et les fougères, rêvassaient. Je ne suis là que pour une courte visite Humer l’odeur de mon home De l’élan de mon cœur, Toucher ses vieux murs silencieux, les embrasser … Je ne fais qu’une escale tel un matelot voyageur Afin d’estomper mes séquelles Et revivre les moments de joie, de diablesse enfantine, Remémorer l’innocence qui était Reine, jadis… Oh rêves roses, bleus et bleus et amour absent ! Qu’en est-il de la beauté de ma ville, Ses nuits romantiques et paisibles Et ses tenues qui caressaient les chevilles ? Qu’en est-il de ses traits qui à leur passage par respect Telles des ombres, s’effaçaient ? Oh terre de mes aïeux, apaise mon errance, Parle au temps qui n’est plus clément De mon cœur d’enfant ! Dis-lui qu’en est de cet amour ? Siège-t-il encore toujours au mont de ma ville Où s’est lui aussi effacé ? Qu’en est-il de ses amours ? Dessine-t-il encore sur les troncs des arbres centenaires Deux cœurs par une flèche transpercés ? Y a que les grands qui sont anonymes ! Y a que les grands qui sont anonymes ! Elle est là, elle est ailleurs Savourant sa vie en solitaire. Au son de son pas, bat son cœur Fou amoureux et si rêveur Mère, terre et sa bleue Couleur d’azur, regard de son défunt père Elle est là, s’assied par terre, Sort de son sac son vieux miroir, Enlève son foulard, le jette en l’air, Hume profondément l’odeur de sa terre Se dit tout bas avec un sourire : Ya que les grands qui sont anonymes ! Elle n’est pas Grande, mais bien dans sa peau, Dans le souffle du vent, elle se sent mieux, Suit son chemin en rasant les murs, Silhouette frêle, regard timide, Solitaire avec sa plume Griffonne des aquarelles sur les murs. Elle se sent nulle et parfois rien du tout Même pas une goutte dans sa belle bleue Pas même un grain de sable, sur sa terre brune. Sourire amer, aux coins des lèvres Mais comme les Grands, elle ne regrette rien. Elle est anonyme, mais si sensible A la moindre brise, elle est éprise. Elle est là, vit et existe Dans son monde de solitude. Elle suit son rêve qui est la sève. De la source de l’amour, elle s’abreuve, Assouvit sa soif de ses odes et ses beaux rêves Dans son regard l’amour déborde. Venue la nuit, la lune la borde Elle lui narre, elle lui conte Son plus beau rêve de femme de l’Algérie profonde ! 2017-12-22 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet