Un nouveau bouquet de poèmes de Fatima Maaouia – poétesse tuniso-algérienne -Tunis

Fatima Maaouia

Mouvement

Je suis pour le moment
Dans un sale moment
Bois dormant
Sables mouvants.

Je ne dirai pas pour le moment
Que c’est le moment
Du vertige
Et du vent gourmand 
De serments 
Qui figent
Sang, chant et rosiers 
Calcinés sur tiges…
Dans les gosiers 
Et les champs

Pas pour le moment…
Tant que du fond des océans
J’ai un moment
Pour arracher au soleil 
Même couchant 
Et saisir une feuille 
Un rayon même las et mourant
De l’effondrement des monts…
Mais en mouvement
Pour y tracer et inscrire à tout moment 
Un bourgeon vivant :
L’absence de silence et des abandons.

La jeune femme d’Angoulême

Ö quelle peine pour la jeune femme

Qui vit à Angoulême !

Mais la pauvre jeune femme

Qui vit à Angoulême

Devrait imaginer quand même

Son jeune frère emblème

Qu’elle aurait tant aimé garder dans ses jupons

Au lieu de le voir quitter son cocon d’Angoulême

Pour caracoler de mont en mont

Innocent

De viols, de vols de terre

Et de crimes de sang ?

Mais la pauvre jeune femme

Qui vit indemne quand même

A Angoulême …

Devrait pour sa part

Imaginer quand même

Qu’elle et son jeune frère

D’Angoulême et de Navarre

Mangent de la chair

Africaine

De la chair

Humaine

Mangent de l’âme africaine

Dont les soldats

D’Angoulême et d’Aquitaine

Que je n’applaudis pas

Déflorent les plaines

Blêmes

Pour quel combat?

Ö quelle peine!

Quel plasticien d’art

Va réparer l’hymen

Des éphèbes et Hélène…

Des plaines hors d’haleine

Autres que celles des jeunes filles de Touraine, Navarre

Et Angoulême?

A la sueur de ton visage

“A la sueur de ton visage
Tu gagneras ta pauvre vie
Après long cours et usage
Voici la mort qui te convie”

Ça c’était hier
Au moyen âge …
Ère de tous les abattages,
Ravages et servage

On meurt toujours autant 
Tout le temps
De guerre, de torture, d’esclavage 
D’amour, de famines et d’épidémies

Sans âge 
Et sans maladie 
On meurt aussi pas mal
Et même beaucoup
Si ce n’est pas une balle
Dans les parages
Qui vous saute au visage
Une bombe
Un camion fou 
Ou un coup de couteau 
Qui en une seconde…
Vous défait le portrait…

On meurt aussi 
Aujourd’hui 
De l’absence de poésie.

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*