Pendue sur un fil poème de Monika Del Rio – poétesse polonaise résidant à Bruxelles – commenté par : M.S.Ben Amor 7 novembre 2017 Monika Del Rio Pendue sur un fil Pendue Sur un fil Entre les nuages Et la terre Je demeure… Invisible – Une petite araignée Qui attend Son train En direction Du ciel ou De l’enfer, Le destin décidera Du vent. Pourtant Je me bats Encore Contre les Courants Des éléments Déchainés – La menace De tous les temps. Je lâche parfois prise En me laissant Endormir Par le chant Doux, Ensorceleur, Séduisant. Il m’emmène Sur un tapis Volant Vers les contrées Lointaines Là, où il n’est Pas interdit De rêver, Où tout le monde S’aime Où on n’entendra plus De rires Sarcastiques D’hyènes Car elles Pleureront Sur mon cadavre Le ciel se déchire Le ciel se déchire Tant il se sent rempli De sentiments contradictoires, Les cuivres jouent Leur solo noir, L’amour est habillé En vêtements sombres Ce soir, les éclairs N’éclaircissent pas la vie. Dans cette tempête Je te vois si petit et frêle Avec tes grands yeux Débordants de larmes Et d’envie, Comme un ruisseau Emportant avec le printemps Tous les cœurs – Tu me séduis. Je me laisse donc faire, Je marche derrière toi Je te suis Sous une pluie d’étoiles Je pars dans la profondeur De la nuit, Je m’enfonce Je m’étouffe, La souffrance me semble Tellement douce et agréable, Toi, tu restes Tout près de moi Et cela Me suffit… Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor : Les lecteurs qui ont suivi régulièrement mes commentaires sur la poésie ne connaissent Monika Del Rio qu’à travers ses poèmes amoureux. Mais il leur est peut-être utile de savoir que cette auteure que j’ai connue à la fin des années 90, vu que je lui avais traduit vers l’arabe trois livres parus tous en Tunisie , n’avait jamais abordé dans ses écrits des thèmes amoureux et que son intérêt pour ces thèmes n’a commencé qu’après son installation en Ethiopie en .Serait-ce donc une sorte de rattrapage dont elle a senti le besoin une fois établie dans ce pays ? En tout cas, ce nouveau poème représente un retour aux origines, étant donné qu’elle y traite un sujet qui avait constitué le thème principal de ses quatre premiers livres ,à savoir le côté énigmatique et effrayant du rêve et plus exactement du cauchemar . Et y’a-t-il plus cauchemardesque que de se trouver pendu sur un fil entre ciel et terre ? En effet, cette image charnière sur laquelle a été édifié le poème n’a rien de positif, car elle ne signifie nullement une élévation spirituelle mais un état de suspension forcée dans lequel la locutrice se trouve à la merci des éléments naturels de toutes sortes .Mais elle ne semble pas non plus avoir une signification compensatoire bien que l’auteure l’a laissé entendre dans les derniers vers , car la fuite de la réalité procure tout de même une sensation de soulagement .Ce qui n’est point le cas ici .Je dirais plutôt que dans ce rêve , il s’agirait probablement d’un retour inconscient à la période infantile où la locutrice, étant bébé, aurait peut-être fait face à un traumatisme occasionné par une naissance difficile .Ce qu’appuierait la projection de l’image de son propre corps dans un futur sordide celui de l’après-décès en présence d’animaux charognards : les hyènes .Et c’est ainsi que ce poème nous présenterait une sorte d’autoportrait psychologique profond et non un simple état d’âme passager .Quant au style, il est clairement influé par les techniques narratives auxquelles l’auteure est habituée, vu qu’elle est venue récemment à la poésie du roman et la nouvelle . 2017-11-07 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet