Plutôt cultiver notre Eden intérieur ! par : Hassan Oumouloud –Agadir-Maroc

Hassan Oumouloud

J’ai horreur du bonheur! Grandi dans une jungle sans merci,  dressé sur les imprévus effrayants que dans les moments de bonheur , je perds toute sensation de jouissance, je me crispe –tout en étant heureux- et m’attends au pire à n’importe quel instant. Je n’ai plus le goût des choses,ni le souvenir de leur forme, je suis vivant mais pas existant. Je vois mourir les instants de ma vie sans leur faire des adieux, parfois je ressens une jouissance infinitésimale à les voir partir et j’ai envie de les souffler loin comme des feuilles d’automne. Je me réjouis au bonheur des autres que j’aime et que je vois au même temps comme des condamnés à vivre. Pauvre canal qui fait passer les eaux fraiches sans en retenir aucune goutte. Je vois tout comme un cirque dans lequel je suis à la fois bête et témoin. Bête fouettée et témoin de sa bêtise. Double peine qui s’accroît en davantage de complexes et en une envie pressante de partir. Partir, loin de l’inhumain qui me guette jour et nuit. Partir, à la recherche de mes sens volés une nuit d’hiver. Partir pour chercher la partie qui manque à mon puzzle dans ce vaste au-delà ou dans ce large intérieur tonitruant. Heureux qui fait ce voyage et qui en revient sage. Heureux qui sait vagabonder dans les méandres de son Etre, qui se délasse des horreurs vécues entre les hommes par des randonnées heureuses dans les hauts et les bas de ce dedans calme, généreux, divers et accueillant. Seul, ce continent toujours vierge n’est pas à la portée de la politique ! Le royaume du cœur dans l’empire de l’âme. Un monde qui se nettoie continuellement comme l’océan, parce qu’il n’aime pas les pourritures. Libre et honnête, il déracine et chasse les orties sociales et les convoitises politiques et plante les sens d’humanité, de paix, et de bonne foi. Eden intérieur libre et incorruptible  à cultiver sans fatigue, à conserver de principe dans les pires circonstances, à arroser de tolérance, et à léguer aux bonnes consciences. Question de dire et après de mourir dignement !