Les états du voyant par : Mohamed Bouhouch –poète tunisien – Pékin -Chine

« Je dis qu’il faut être voyant. Le poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ».

Arthur Rimbaud –La lettre du voyant.

 
1- mon amour a attendri et la vision de ma passion s’est éclaircie :
Je décolle mon âme et disparais de moi.
Dans l’oubli :
Je me plie et me déplie.
2-Ô toi graine  cruelle  ou poussière grisaillé voltigeant dans le vide de l’absolu :
Tu m’as révélé le début d’aspirations et m’as rendu ivre.
Tu m’as décrit comme tu as voulu;
Et m’a nommé.
Tu m’as conduit au néant où il n’y a ni distance, ni image, ni voix
Mais tu as fermé toutes les voies qui mènent à moi.
Je ne trouve nulle place pour m’asseoir sur ta tombe.
Tu m’as fait disparaître de moi.
Et tu m’as composé, m’a recomposé et m’a détruit. 
3-Tu es le “o” de l’œil et le “c” du cœur :
Tu es ma certitude et ma confusion, ma boussole dans les ténèbres,
Et mes dimensions.
Tu es ma liaison et ma séparation.
Tu es ma langue.
Tu es ma clarté dans l’obscurité.
Tu es la vigne de mon éternité.
Tu es mon habit et mon péché.
Tu es ma raison et ma folie.
4-Dans tous les états, tu es- moi :
nous nous séparons, nous nous unissons,
Nous nous ouvrons, nous nous fermons,
Nous nous révélons, nous nous masquons.
Tu masques mon actuel;
Et révèle mes secrets…
C’est toi qui me contractes et m’allonges :
Toi qui me disperses puis m’unis…
Tu m’as fondu dans les descriptions.
Je me punis pour te revoir dans l’inconnu et m’anéantir ;
Je meurs et tu restes.