Fables de mon jardin…par :Fatima Maaouia –poétesse tuniso-algérienne- Tunis –Tunisie 18 juin 2017 Fatima Maaouia “Le caoutchouc” J’aime pas le plastique Mais ce pauvre type couché de tout son long Sous un soleil de plomb, Ce grand Nil Immobile Arbre à eau aux jambes élastiques Qui faisait de la gymnastique Et de la musique à fond Pour peu qu’on remplissait son gosier De fuel à rosiers, Cette longue liane Qui gît et rend l’âme Sous les flammes Toutes griffes dehors … Sans lui le jardin serait mort. C’est à croire Que tous les feux de l’enfer Veulent lui faire la peau. C’est à croire Que toutes les lames de couteaux Affûtées à la flamme Se sont données le mot Pour lui faire son affaire Juste…pour avoir donné à boire A l’herbe et aux moineaux Et dilué dans l’eau Des histoires de troncs imprenables Et de fruits incroyables. Condamné à mort Pour avoir assuré à bon port Le transport De l’eau pour les arbres et fleurs Le pauvre caoutchouc flancs Éventrés. Pauvre diable ! Habilité à éventer l’été Et à se battre pied à pied avec le sable Pour inventer le printemps Et l’été. Pauvre chou De caoutchouc, Le plastique n’est pas ma tasse de thé Mais là c’est trop! Entêtés Les feux de l’enfer mordent sa peau. Le gel du soleil Dessèche son corps lardé de coups En bas , en haut, Ronge ses os Le vide de son eau. A le voir Sûr et certain Que le soir Lorsqu’ on l’appellera à faire son devoir Vis à vis du jardin, Faut croire Qu’hoquetant et fou, Son long cou Secoué de soubresauts Va d’abord étouffer et crachotter Sanglots Paquet de boue Et caillots Avant de donner à tous à boire Pour que monte dans la tiédeur du soir Un parfum d’espoir Et de renouveau. Vous me direz que c’est un simple tuyau d’arrosage. Mais moi je vois autre chose dans ce long corps Crucifié au sol, qui tire la langue et me dévisage. Je vois Gaza exsangue Gaza sans gaz ni eau Sous embargo. Je vois des enfants sans eau Peau sur les os Rongés de poux. Bergers Jet stoppé net Par la Bête. Soldats anonymes Tombés Rime Un soir d’hiver Un jour d’été; Tombés une nuit Épis Ensanglantés Pour un drapeau… Et toi … Pour rien du tout Je pense à vous… Maudit caoutchouc! De fil en aiguille Pendue à mon cou Tu me mènes vers où? Ah, je vois! Terres, terres assoiffées d’eau Qu’on boit Au chantage à Dieu, à l’air Aux sous Et dont on formate les êtres en viles troupeaux. C’est la stricte vérité Le Ginger ébriété A bruité L’affaire Et je ne parle pas d’électricité Tout ça pour n’avoir pas été sage Et ne pas avoir appliqué a la lettre Le message Des Maitres. 2017-06-18 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet