Bras de terre…par : Fatima Maaouia – poétesse tuniso-algérienne –Tunis 26 avril 2017 Fatima Maaouia Épuisé, haletant, regard hagard et fiévreux Un océan d’affreux et lancinants doutes Sous soute Car Craignant le gouffre Qui allait emporter à jamais son dernier souffle Il jeta corps en nage et maigre bagage Sur le vieux rivage, Puis dans une ultime opération de sauvetage Lança au visage de la mer un flot Tumultueux de questions dont elle ne retint que ces mots : « O, mer, mon miroir Raconte, raconte l’histoire Raconte sans rien embellir » Allez, dit ! Mer, personnage mythique Matière sensible et authentique Mer à la culture encyclopédique, Ouverte sur toutes les civilisations Répond à mes questions ! Et la mer au parcours exceptionnel Qui en connait plutôt un sacré rayon Sur l’élan et le bris d’ailes La mer, matrice, pierre angulaire de l’univers Qui soutient la terre par les aisselles Pour l’empêcher de choir en statue de sel Celle qui œuvre dans la continuité Du fugace moment: Ruptures, constructions, éboulements Tant elle culmine et rumine de tourments La mer, conductrice du meilleur et du pire Bras envahissants et mystificateurs La mer qui garde profond en mémoire Conflits, migrants, traite, fleurs, Passions histoires et tourments La mer à l’humour si corrosif Qui modèle quotidiennement monts et rifs Et dont la vie a été, tout entière Durant nos multiples vies Tournée vers le partage et la liberté Tournant le dos Aux ébats d’eau stériles et futilités, Tressaillit et dans un sanglot : « Tu veux savoir? Alors, au risque d’anéantir tes derniers espoirs Ton pays amer qui désespère et la terre et le ciel ? C’est la mer à boire ! » Et secouée de terribles convulsions Qui noircirent sur le champ l’horizon La mer, pourtant dont le jarret fougueux Monte à l’assaut des volcans accrochés Au firmament Elle qui escalade cratères, falaises, brèches et rochers La mer prenant jour et nuit sans broncher Dans la cabine En plein cœur, en pleine poitrine Coups, tempêtes, vents mordants, ouragans Accrochée aux poignets de la terre Se roulant à terre, La mer, sentinelle, Déesse Couronnée de sagesse Et qui n’est pas sous écorce Qu’écume, bavardage Et étalage de force S’est mise à pleurer dans les bras de la terre Mais la terre qui depuis belle lurette N’avait déjà plus de tête N’avait plus de … bras ! 2017-04-26 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet