L’œuf du rokh* par :Nwal –Al-Ghanim – poétesse irakienne résidant à Sydney –Australie

Nwal –Al-Ghanim

 

1-
Un oiseau 
Taille dans la turquoise une chanson, 
Se pose sur la tête de la statue, 
De ses pattes tombent 
Des gesticulations niaises. 
Je dis à la couleur : sois un air
Et aux ailes du oiseau :
Soyez des burins ! 
Il y a des créatures qui ont besoin 
De prendre de nouvelles formes.

 

2-

Là-bas

Dans la maison il y a un feu

Dont les murs se construisent

Par une main

Edentée,

Un feu que fonde une nuit aux yeux brumeux.

Ici…

Je sens que l’étroitesse du temps se dissipe de ma montre.

 

3-

 

Chaque fois que j’aperçois une étoile scintillant dans l’obscurité,

Je me protège sous un drapeau dont le sang a été pillé par les tribus.

 

4-

 

Un vent tourne autour de tes épaules

Un vent tourne autour de mes épaules

Un pont s’effrite entre mes lèvres

Il me liait  

A  un palmier, à une montagne, à un keffieh rouge.

Nous étions attachés par un seul cordon ombilical.

Le pont tombe peu à peu

Et ma main s’est remplie

De sons de tambours.

 

5-

 

Des espaces de glace et de fumée,

Des espaces de pierre,

La nuit est tombée bien tôt

Après une longue attente.

 

6-

 

Je m’endors dans la glace

En attendant que le soleil tende la main

Et m’essuie la tête.

L’air tombe dans le gouffre.

Je dis à la noirceur :

Ne te cache pas,

Je lis ton corps de très loin,

Moi qui effeuille les arbres sans bâton pour le troupeau de couleurs

 

7-

 

Ces  traces sont  celles du sang des roses sur leurs habits

Et celles-là sont les traces de leurs doigts qui s’amusent

Dans les pommes sauvages.

Un rêve inquiet dans un œil muet.

Un son réparant une chaise

Sur laquelle s’assoit la poussière.

Un chant pareil à une pastèque coupée en deux

Autour de laquelle se regroupent les mouches.

Qu’en est-il resté ?

Il n’y a aucune alternative à part de fendre le ventre de la nuit

Pour en sortir l’œuf du rock !

 

*Rokh :est un oiseau de feu gigantesque fabuleux  cité dans les contes des Mille et une nuits .

 

3 commentaires

  1. Avatar

    Très beau poème, magnifiquement taillé par une plume poignante et sublime.

  2. Avatar
    Mohammed Benfares

    Un beau texte aux poétiques tout à fait nouvelles. Un cri amer et angoissé nous “transporte” dans une déchirure cruellement douloureuse ! Merci poétesse de nous offrir cette joie de lecture.
    Amitiés poétiques
    Mohammed Benfares, Tanger le 30/03/2019

  3. Avatar
    Mohammed Benfares

    N.B :
    Errata : Un texte aux images poétiques tout à fait nouvelles …
    Merci

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