Mon père par :Nwal Al-Ghanim – poétesse irakienne- Sidney –Australie 11 mars 2017 Nwal Al-Ghanim Je m’adosse sur la nuit de ta abaya* noire Et laisse le vent éplucher avec le chant La rouille me couvrant la gorge Seuls les pleurs ne remplissent que la rougeur des yeux J’ai semé ma main dans la rue pour un bout de pain Et dit à la Koufa* : « Ils ont récidivé ! Le lait des pauvres a alors coulé par terre » Nous nous dispersons secrètement à l’instar de la prophétie Tandis que les indicateurs sont collés à nos visages Sur un baril bourré de poudre à canon Nous avons laissé l’Irak dormir Et nous nous sommes mis à le pleurer à haute voix. Il ne se lèvera jamais un matin pour les pauvres Tant que nous tuons dans l’ombre Ali* Puis nous marchons derrière son cortège funèbre, Tant que nous égorgeons chaque jour Jésus et Zakaria, Tant que nous sommes un jour sunnites et un autre chiites Le corbeau de la séparation continuera à nous pourchasser. Ö mes parents ! Ramassez les débris du matin éparpillés sur les routes ! Sans un corps unique et sans une main unique, Nous ne nous relèverons jamais. Ö mes parents ! Je crains que si le collier se défasse Et c’est le souhait le plus cher des ennemis Nous nous perdrions tous dans le désert Et nous deviendrions les juifs errants de l’histoire. Ö mes parents ! L’inattention ne laisse à la maison aucun prophète vivant. Y prenez-garde ! Si elle arrive le verre d’or nous sera volé entre les mains Et nous perdrons le couffin et les raisins. A ce moment l’histoire nous damnera, Les générations nous rejetteront, Les pieds nous écraseront, Les papiers nous injurieront Parce que nous aurions perdu l’Irak . Abaya :sorte de manteau arabe en laine • Koufa :l’une des plus grandes villes de l’Irak et l’un des fiefs du secte chiite. • Ali : Ali Ibn Abi Taleb, le gendre du prophète Mahomet et le quatrième khalife après lui. Les chiites musulmans s’en réclament. *Zacharie :père de Jean Baptiste , prophète pour les musulmans . 2017-03-11 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet